Une nouvelle tête à la prison de Saint-Martin-de-Ré

Pascal Bruneau a pris ses fonctions de directeur de la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré le 1er septembre 2023. Cet ancien militaire de carrière remplace ainsi Anne-Lavaud à ce poste. 

Mais ce n’est qu’en janvier dernier qu’une cérémonie en grande pompe a été organisée en présence des hautes autorités de l’administration pénitentiaire et du préfet de Charente-Maritime Brice Blondel pour officialiser cette nomination en tant que directeur. Au delà de la cérémonie très solennelle sur fond de Marseillaise dont vous pouvez voir une synthèse dans ce reportage vidéo, le nouveau directeur nous donne l’occasion de revenir sur la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, la plus grande maison centrale de France, un acteur prépondérant de la vie permanente de l’île de Ré. L’un de ses premiers employeurs avec plus de 400 salariés et personnels, si l’on compte les intervenants extérieurs.

Le plus gros employeur de l’île de Ré

La maison centrale de Saint-Martin-de-Ré doit faire face à des problèmes structurels de recrutement, qui à l’île de Ré, sont accentués par l’absence de logements. Il manquerait une quarantaine de postes. Récemment, le préfet et le président de la Communauté de communes Lionel Quillet ont acté qu’une partie du parc des futurs logements sociaux qui vont arrivés à Saint-Martin-de-Ré en 2025 seraient réservés aux personnel pénitentiaire ( et au personnel soignant de l’Ehpad). Dans un entretien accordé à nos confrères du quotidien Sud-Ouest récemment, le nouveau directeur assure qu’une vingtaine de surveillants devraient rejoindre la prison de Saint-Martin-de-Ré en 2024. Il exprime également son souhait de fédérer les personnels et insiste sur le rôle éminemment social que doivent jouer les surveillants.

L’importance de l’emploi et des dispositifs d’insertion

Il y a neuf maisons centrales en France, dont Saint-Martin-de-Ré qui est la plus importante. Une maison centrale accueille des personnes détenues qui viennent purger leur peine après leur jugement. Saint-Martin-de-Ré regroupe à elle seule, un quart des places en maison centrale avec une capacité d’accueil de 458 places. Actuellement, plus de 380 personnes détenues y purgent leur peine.

La maison centrale de l’île de Ré accueille exclusivement des hommes, tous bénéficient de cellules individuelles dans un régime de détention dit « porte fermée ». Plus de 50% d’entre eux ont commis des infractions à caractère sexuel.

La maison centrale de Saint-Martin-de-Ré est divisée en deux bâtiments distincts : la citadelle, partie historique insérée aux fortifications Vauban et la caserne, bâtiment plus récent. Les personnes détenues dans la caserne ne croisent pas celles qui vivent à la citadelle.

60% des personnes détenues à l’île de Ré exercent une activité salariée, ce qui leur permet, entre autres, de rembourser leur victime. L’emploi comme les autres activités de formation, activités sportives ou culturelles proposées dans le cadre de la détention sont les piliers du processus de réinsertion gérées par le Service de probation et d’insertion, qui met en place différents dispositifs dans ce but.

Plusieurs dispositifs visent à salarier des personnes en détention, parmi lesquels le récent atelier de recyclage et de réparation de bicyclettes initié par Coralie Morel de l’association ICycle inauguré il y a six mois. (Voir le reportage par ailleurs)

Une vie carcérale émaillée d’incidents

Même si la vie carcérale dans une maison centrale est plus posée que dans une maison d’arrêt, cela reste un lieu de privation de liberté où l’agressivité peut vite s’exacerber, entre personnes détenues, entre détenus et surveillants. À Saint-Martin-de-Ré, comme dans d’autres prisons, la vie carcérale est émaillée d’incidents plus ou moins graves. 

En 2021, pendant la pandémie de Covid, des surveillants interrompent une relation sexuelle entre une avocate et un détenu survenue au parloir de l’établissement. Des procédures disciplinaires sont engagées contre l’avocate et le détenu. Également en 2021, un détenu tente d’assassiner une psychologue de l’établissement.

En 2022, sept surveillants mis en cause dans la mort par asphyxie survenu en 2016. Les surveillants sont ainsi reconnus coupables d’homicide involontaire pour avoir bâillonné et maintenus à terre un détenu violent lors d’un transfert, ce qui a entrainé son décès. Quatre agents sont condamnées pour homicide involontaire, trois pour non-assistance à personne en péril et violence volontaire aggravée pour l’un d’eux, plusieurs surveillants sont ainsi condamnés à de la prison avec sursis. La même année, quatre détenus sont blessés lors d’un incident qualifiée de « bagarre générale ».

En avril 2023, la directrice d’un des quartiers de l’établissement (le quartier de la caserne) est violemment agressée par un détenu qui refusait son transfert dans un autre établissement. Il a été condamné à trois ans d’emprisonnement supplémentaires.

A noter également, la plainte déposée l’an passé contre l’administration pénitentiaire, par une personne détenue transgenre.

Journalistes Hugo Da Silva (images et montage) et Virginie Valadas (article).

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