Et Marie Schuch créa la Forêt rouge

Automne 2023, 150 arbres seront plantés sur le site du Moulin Rouge à Saint-Clément-des-Baleines. Pour préfigurer cette future végétalisation, l’artiste Marie Schuch a imagé cette forêt en devenir en plantant des mas colorés là où pousseront une partie des futurs arbres. Un travail artistique réfléchi et qui ne laisse pas place au hasard. Même si la nature est au centre de l’œuvre, tout est calculé jusqu’au besoin d’exposition des futurs arbres.

Les Rétais : Pouvez-vous me parler de votre travail d’artiste ?

Marie Schuch : Je travaille depuis 1970 dans des lieux dans le monde entier qui ne sont pas faits pour l’art, et donc qui invitent à une réflexion et à un questionnement. Ce sont des espaces qui me parlent, qui sont propices à ma création. Étant sculpteure et plasticienne, participer à des programmes de recherche sur les paysages, dans des lieux qui ne sont pas faits pour l’art, m’attire particulièrement.

J’ai une démarche particulière, c’est-à-dire que je n’impose pas mon travail mais je me plie aux questionnements des gens, des élus, des lieux et aux questionnements de l’art immergé.

Comment vous êtes-vous retrouvé dans ce projet ?

Le fait de proposer des expositions dans les lieux patrimoniaux de Saint-Clément m’a permis d’être introduit dans le projet de concertation du jardin, il y a deux ans. Pour le projet artistique, ce sont mes références professionnelles qui ont fait qu’ils m’ont proposé le sujet.

Quel était le questionnement ici ?

Le questionnement, c’était de signifier une future forêt, ce sera une forêt plantée d’arbres, d’essences endémiques qui concourent à une amélioration de l’habitat de l’île, et même de notre planète. Ça va au-delà de ce lieu. Pour travailler, je me glisse dans un espace, je l’écoute et j’écoute les gens qui vont le fréquenter et qui sont à l’initiative de ces lieux. C’est une façon de révéler ces lieux.

Pour la démarche plastique et artistique. C’est avec l’œil bienveillant de Christophe Penot, adjoint au patrimoine et à la culture à la mairie de Sainte-Clément-des-Baleines qui m’a fait confiance et j’ai souvent proposé des expositions un peu en marge.

La thématique de cette année, c’est le chant des jardins, la musique des jardins. J’ai beaucoup réfléchi, et je me suis demandé comment je pourrais faire une petite musique. Et puis j’ai découpé des bouts d’inox, attachés aux mas et en frappant contre celui-ci, ça fait des petites musiques.

Pourquoi avoir choisi la couleur rouge pour ces mas ?

La couleur rouge était pertinente. Déjà, l’œuvre est installée dans le lieu-dit du Moulin Rouge, c’est peut-être convenu que de faire du rouge. Aussi, c’est l’époque où les coquelicots sont rouges.

La couleur rouge signifie aussi le feu, le rouge que j’ai choisi, c’est le rouge sécurité, qui permet de dire attention aux feux dans les forêts, il faut être vigilant. Les mas sont peints en fonction de l’exposition au soleil dont a besoin l’arbre. Dès qu’on se déplace, les angles de vue sont différents.  Donc on peut tout à fait comprendre qu’un arbre va pouvoir aussi être dans ce mouvement.

Si on recule, on voit que cette installation cohabite bien avec la Java des baleines. Et qu’il y a un lien qui est proposé,  ce n’est plus un terrain vague avec à côté la Java, l’église, le centre du village mais ça devient en ensemble, un lien.

Avez-vous un lien particulier avec l’île de Ré ?

J’habite ici à l’année, ça a toujours été des choix dans ma vie. J’ai vécu en autarcie pendant dix ans en Auvergne. Après, je suis parti à Paris pour voir ce qu’était une ville.

Ici, les gens pourront donc avoir un arbre qui leur appartient ?

Complètement, ils pourront choisir l’espèce, l’endroit et les sens. Donc tout est numéroté et il y a 90 arbres à adopter.

J’ai conceptualisé le processus pour savoir comment s’approprier un espace naturel et avoir le bon questionnement. Se l’approprier, ça veut dire pouvoir le planter pour pouvoir le regarder, pouvoir donner rendez-vous, pouvoir s’asseoir, pouvoir enlacer cet arbre. C’est toute une démarche qu’on peut avoir de façon intime. 

Quelle est la suite pour cette œuvre ?

L’installation va rester en place tout l’été. Et en novembre on plantera les graines parce que c’est la bonne saison. Et puis ça nous donne tout l’été pour que les gens s’approprient aussi l’espace. Il faut donner du temps au temps. Parce que cette installation interpelle et il faut le temps de l’expliquer.

Les sculptures et autres œuvres petits formats de Marie Schuch sont à retrouver dans son atelier “L’atelier S” au 262 rue des rentiers à Saint-Clément-des-Baleines ; ouvert sur rendez-vous.

Instagram : @marie.schuch

Site web : marieschuch.blogspot.com

Présentation du projet de la Forêt rouge sur le site de la municipalité

Pour voir plus c’est ICI 👇

À LA UNE
©️ 📸 Human Immobilier