Agriculture rétaise : où sont les jeunes ?

Dans dix ans, quid de l’agriculture rétaise alors que la majorité des producteurs de vignes et de pommes de terre primeurs de l’île de Ré seront partis à la retraite, sans que  des jeunes n’aient pris leur suite ?

Ce qui constitue un élément majeur de l’attractivité de l’île de Ré et de ses paysages, soit les vignes et les champs pourraient devenir peau de chagrin et faire ainsi perdre certains de ses principaux atouts à ce territoire.

À une semaine du Salon de l’Agriculture, Les Rétais a voulu savoir si à l’île de Ré aussi, les producteurs étaient solidaires de leurs collègues qui ont bloqué les autoroutes en France il y a une quinzaine de jours. Ils revendiquent de ne plus pouvoir vivre de leur métier : ils déplorent trop de contraintes administratives, une concurrence déloyale dans le cadre des traités de libre échange liés à la mondialisation, des règles qu’ils doivent appliquer eux, alors qu’elles ne sont pas les mêmes pour leur collègues des pays voisins…

Pénurie de jeunes agriculteurs

Ils expriment aussi une autre grande inquiétude, la pénurie de jeunes agriculteurs et le non renouvellement des générations de fermiers et de paysans. D’ici environ sept ans, la moitié des agriculteurs français seront prêts à prendre leur retraite. Cependant, il n’y a plus suffisamment de jeunes prêts à reprendre les affaires familiales. A l’île de Ré aussi, ce phénomène n’échappe pas à la règle et inquiète.

Lors de l’assemblée générale de la coopérative Uniré au Bois-Plage il y a une quinzaine de jours, Jean-Jacques Enet, son président a souhaité alerter. Il évoque à notre micro, cette problématique rétaise en compagnie de Tom Turbé, qui fait partie des rares jeunes agriculteurs à avoir choisi de poursuivre l’exploitation familiale à La Couarde. Le travail agricole est souvent perçu comme difficile, exigeant et peu rémunérateur. Jean Jacques Enet, président de la Coopérative des Vignerons de L’Ile de Ré (UNIRE) explique : “c’est un métier avec une pénibilité importante et beaucoup n’y sont pas préparés”. Le secteur agricole recrute beaucoup en saisonniers mais même pour des contrats courts, le problème reste le même, “Pour de la main d’œuvre, les jeunes font rarement plus d’un mois, les saisonniers que nous embauchons ont souvent entre 45 et 50 ans” témoigne Tom Turbé agriculteur de père en fils à La Couarde.

La modernisation de l’agriculture, les coûts élevés des terres agricoles et des équipements constituent également des obstacles majeurs pour les jeunes agriculteurs potentiels. L’accès aux terres est plus difficile pour les nouveaux entrants.

Un besoin criant de bâtiments agricoles

Sur l’île de Ré pourtant, le climat offre un environnement adéquat à la production agricole qui est très souvent rentable, grâce notamment au tourisme. Cependant, pour Jean Jacques Enet une problématique ressort sur ce territoire : “la grosse difficulté de l’île de Ré, c’est le manque de bâtiments agricoles.” Les engins utilisés sont de plus en plus gros, 4 mètres de haut pour une machine à vendanger et presque 3 mètres de large pour un tracteur. Les agriculteurs ont donc besoin d’infrastructures adaptées à leurs besoins, qui ont évolué et qui nécessitent des nouveaux bâtiments plus spacieux pour être mutualisés. Mais à l’île de Ré, les constructions sont très contraintes avec la règle des 80/20 : 80% d’espaces naturels et 20% d’espaces urbanisés. Avec des habitants prêts à monter au créneau pour empêcher toute nouvelle construction de bâtiments professionnels pour conserver une île de Ré  de carte postale, ce qui a le don de mettre le président de la coopérative en colère : “il faut suivre l’évolution du monde agricole et si les gens ne l’ont pas compris et bien, ils n’ont rien compris.”

Si des coopératives, comme UNIRE, aident les jeunes agriculteurs à se lancer, en les conseillant ou même en leur avançant des fonds, il n’y a malgré tout pas assez de jeunes candidats à la reprise. “il y a vraiment un côté rassurant d’être dans une structure comme celle-ci” explique Tom Turbé. En France en 2020, ils sont moins de 9 000 chefs d’installation de moins de 40 ans à s’être lancés dans la vie d’agriculteurs, un chiffre en recul de 3,5% sur un an.

Journaliste Hugo Da Silva, montage Hugo Da Silva et Arthur Biteau

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