La pomme de terre primeur, princesse de l’île de Ré

C’est une bonne année en perspective pour la pomme de terre primeur de l’île de Ré, alors que tous les voyants sont au vert. Contrairement à la saison précédente, la météo a été propice à une bonne pousse des tubercules avec de l’humidité et du soleil et surtout sans gelées noires comme en 2022. Quelques gelées blanches ont été constatées par Rémi Carré, agriculteur rétais depuis cinq générations, que nous avons rencontré en pleine récolte dans un de ses champs au Bois-Plage. Mais rien d’alarmant à l’heure de la récolte.

La saison de la pomme de terre primeur en AOP démarre doucement : seulement quatre maraîchers ont commencé à ramasser les premières pommes de terre. Au total, ils sont dix-neuf exploitants sur l’île de Ré à cultiver ce met précieux. Le gros des troupes des maraîchers devrait rejoindre la production d’ici deux semaines au plus tard. La Coopérative Uniré du Bois-Plage en charge de les trier, de les calibrer, de les emballer et de les commercialiser entrera alors dans sa vitesse de croisière. La saison pleine s’étale de fin avril à fin juin.

La pomme de terre primeur est toujours attendue par les fins gourmets et les chefs des restaurants locaux, nationaux et y compris des grands chefs toqués. Sa chair fondante et son goût si spécifique régalent les papilles gustatives. Elle est aussi appréciée car elle est très simple à cuisiner et se contente d’un peu de beurre ou d’une autre matière grasse pour devenir fondante et goûteuse en quelques minutes. Elle se cuisine avec sa peau toute fine.

Cette peau délicate et dorée, gage de sa fragilité mais aussi de sa fraîcheur impose un ramassage à la main, “on là travaille sans la choquer”. La seule machine utilisée est un petit tracteur qui vient soulever la terre sableuse pour simplifier la récolte. Ensuite, place à la main d’œuvre manuelle. Le système de culture est bien précis en termes de calendrier et répond au cahier des charges précis de l’Appellation d’origine protégée (AOP), une AOP qui a maintenant plus de 20 ans.

Car ces primeurs poussent en 90 jours dans les terres sableuses de l’île de Ré et c’est seulement quand elles ont le taux d’amidon requis qu’elles sont évaluées comme étant prêtes à être cueillies et commercialisées.

Rémi Carré explique la méthodologie mise en oeuvre. De janvier à mars, après une période passée dans les germoirs à pommes de terre, les plants d’alcmaria (c’est l’espèce de pomme de terre de l’AOP rétaise) sont mis en terre. Plus les agriculteurs la mettent en terre tôt, dès le mois de janvier, plus ils là récoltent de manière précoce. Ce système permet d’obtenir un produit frais tous les jours durant les deux mois de la saison, comme on récolterait des tomates mures à point. C’est aussi pour cette raison qu’elle est ramassée dès potron minet, entre 7h et 10h le matin, cela permet de proposer la primeur sur les étals et dans les zones de chalandise dès le soir ou le lendemain matin. Car la primeur de l’île de Ré n’est pas une pomme de terre de conservation. Elle doit se consommer très vite après son ramassage et si elle devait être conservée quelques jours, elle doit l’être à l’abri de la lumière, voire au réfrigérateur comme un légume.

Paul Brault

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