Sel de l’île de Ré : la récolte 2023 est lancée

Après les fortes pluies des semaines passées, il est temps pour les sauniers (les paludiers à Guérande et Noirmoutier) de reprendre la récolte du sel.

Ce début de saison 2023 ne ressemble en rien à celui de l’an passé, où la sécheresse et des températures très chaudes s’étaient installées durablement dès le mois de mai et où la récolte avait commencé de manière aussi intense que précoce. 

Les premiers grains de sel rétais ont été récoltés cette saison à la mi-juin mais le rythme a été rapidement interrompu par une série d’orages.

La cristallisation du sel de l’île de Ré ne se produit que grâce à la combinaison de deux éléments naturels : celle du soleil et du vent. La météo joue alors un rôle crucial. Dès lors qu’il pleut, tout s’arrête et les sauniers doivent attendre quelque sjours encore après les averses que le marais s’assèche. C’est pourquoi ils redoutent les épisodes de mauvais temps qui interrompt la production.

Nous avons rencontré Didier Dupré, il est adhérent à la coopérative Les Sauniers de l’île de Ré depuis 2021 et exploite un marais de 60 aires saunantes (c’est son bassin de production). Avec son simoussi, il recueile les cristaux de sel et constitue des pyramides de sel en bordure de marais. Il commente le processus qui ’permet la cristallisation de l’eau de mer en sel : l’eau de mer circule à travers plusieurs bassins successifs. Elle passe par le vasais, les métières, puis les champs de marais (les tables, les muants et les nourrices) et au fur et à mesure, l’eau s’évapore.

Comme les 70 autres membres de la coopérative, Didier Dupré perçoit chaque mois un acompte sur les ventes. Au total, sur l’île de Ré, les producteurs de sel sont une bonne centaine, trente sont indépendants et ont choisi de commercialiser leur production avec leur propre réseau. Solidaires, ils militent de concedt pour que soit reconnue une Indication géographique protégée (IGP) d’un sel produit de manière totalement naturelle et ancestrale. De l’ardeur est nécessaire pour pratiquer ce métier, mais surtout du soleil, du vent et des efforts humains.

Les 600 sauniers et paludiers (Ré, Oléron, Guérande et Noirmoutier) réunis sous l’appellation des sels de l’Atlantique misent sur la qualité de leur sel et la tradition pour que leurs produits soient reconnus des sels produits de manière industrielle.

Le combat est rude, surtout quand l’Union européenne veut leur attribuer un label bio, aux sels produits de manière naturelle, au même titre que des sels d’extraction minière des pays du Nord de l’Europe.

Les producteurs de sel de l’Atlantique en France envisageraient alors de se tourner vers une labellisation de commerce équitable, pour se différencier.

Les producteurs de Guérande, de Noirmoutier et de l’île de Ré travaillent avec les mêmes outils que leurs prédécesseurs. Ils utilisent un simoussi pour récolter le Gros Sel et une lousse pour récolter la Fleur de Sel qui se retrouve à la surface de l’eau.

Leur bureau se trouve entre terre et mer, sans doute l’un des plus beau lieu de travail,  où ils cohabitent avec environ 300 espèces d’oiseaux : les cormorans, les goélands, les aigrettes, les hérons, … Une flore riche et variée s’y développe comme la salicorne et la dunaliella salina qui donnent la couleur rose aux bassins. Les sauniers sont au cœur de la biodiversité rétaise, ils préservent et protègent l’écosystème.

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Journaliste Adélaïde Boutiron

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