L’ehpad de Saint-Martin-de-Ré
en « danger grave et imminent »

Faute de soignants suffisamment nombreux à l’ehpad public de Saint-Martin-de-Ré, la CGT du groupe hospitalier de La Rochelle (l’organisme de tutelle de l’établissement rétais) a déclenché jeudi 5 octobre une procédure exceptionnelle de « danger grave et imminent ».

Les syndicalistes hospitaliers réunis en congrès annuel à l’île de Ré depuis le début de la semaine sont venus soutenir leurs collègues sur place. Quand ils ont appris qu’une cession du Conseil communautaire réunissant tous les élus de l’île de Ré se tenait dans la salle du bâtiment mitoyen, ils ont décidé d’investir le lieu des débats pour les alerter sur les conditions de travail très dégradées des soignants.

Rarement cession du Conseil communautaire rétais n’avait était le lieu d’une telle « animation ». Il aura fallu en arriver à une situation extrême et à ce SOS poussé en plein hémicycle, pour qu’enfin la direction du groupe hospitalier La Rochelle-Aunis, l’Agence régionale de santé (ARS) et l’inspection du travail prennent en compte la tragédie qui se joue chaque jour à l’ehpad public de Saint-Martin-de-Ré.

Cela fait déjà longtemps que les soignants et cadres hospitaliers tentaient de se faire entendre, en vain. Une erreur de planning, un arrêt maladie et voilà que ce jeudi 5 octobre, l’équipe de soignants du matin n’est plus en mesure de lever les résidents grabataires, de leur faire leur toilette. Quant aux repas, eux, ils ont été administrés avec un lance pierre. Il a suffi d’un gravier pour que toute la machine soit grippée.

Un gravier grippe toute la machine

Au lieu d’être cinq soignants au rez-de chaussée et cinq à l’étage (pour une cinquantaine de résidents par étage), ils n’étaient plus que trois et trois. L’équipe du matin en a alors informé Emmanuel Dallière le représentant syndical CGT hôpital de La Rochelle, qui, réuni en congrès national au village Océanique du Bois-Plage, a décidé avec ses collègues d’une procédure de « danger grave et imminent ».

La procédure est assez exceptionnelle, c’est une mesure destinée à protéger les salariés en cas de chute, de crise cardiaque ou d’un autre incident d’un résident. Depuis deux mois, ce dispositif de cinq soignants par étage avait été adopté à titre d’expérimentation, faute de soignants voulant ou pouvant travailler à Saint-Martin-de-Ré. Depuis deux ans, selon Emmanuel Dallière, la situation à l’ehpad de Saint-Martin-de-Ré n’a cessé de se dégrader, les soignants et les cadres de santé se mettant en arrêt, démissionnant ou abandonnant leur poste les uns après les autres.

Une situation très dégradée

Une véritable hémorragie qui a déjà entraîné la fermeture de 35 lits dans l’établissement public. Si la situation est aussi dégradée dans de nombreux ehapd, à l’île de Ré, le recrutement de soignants se heurte aussi aux difficultés à se loger à Ré et même à La Rochelle. Une aide-soignante vient d’Eysines, une autre de Vendée et encore un autre de Fouras. Ils ne sont qu’une toute petite dizaine à habiter sur le territoire.

Récemment, Valérie Bénéat-Marlier, la nouvelle directrice du centre hospitalier de La Rochelle est venue sur le site de Saint-Martin pour annoncer la fermeture de 24 lits de l’unité protégée (l’unité Alzheimer) dès le début 2024. Ce qui entraînerait un peu plus l’établissement rétais vers une fermeture définitive à moyens termes.

Une lueur d’espoir

Une lueur d’espoir semble poindre alors que la procédure de danger grave et imminent a été entérinée à l’unanimité par le F3SCT, l’instance hospitalière pour tout ce qui concerne les conditions de travail des salariés de l’hôpital. Cela signifie que non seulement la direction de l’hôpital a pris en compte la situation dégradée, mais aussi l’Agence régionale de santé ainsi que l’inspection du travail. « L’instance a reconnu que les salariés étaient en grande difficulté » souligne Emmanuel Dallière. Une enquête administrative va être diligentée par l’inspection du travail.

Quant à Lionel Quillet, le président de la CDC de l’île de Ré, il a demandé une réunion urgente à la direction de l’hôpital, en présence d’une délégation de salariés de l’ehpad et du député de la circonscription Olivier Falorni.

Journaliste Virginie Valadas

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