La croisière n’amuse plus

Après deux ans d’arrêt pour cause de crise sanitaire,

la saison des croisières reprend avec une belle vitalité à La Rochelle, puisqu’il en est prévu 35 sur la totalité de la saison estivale 2022. Ces 35 escales programmées à La Rochelle marquent aussi le retour de deux armateurs importants du secteur dans la ville aux deux tours : Caribean of the sea et MSC Croisières.

A l’occasion de l’escale du dernier né des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire : le Virtuosa de MSC Croisières, nous avons été invités à embarquer pour une visite à quai et à découvrir le gigantisme du Virtuosa. Imaginez un peu : 330m de long, 45m de large, 19 ponts pour 56m de hauteur, un poids de plus de 181000 tonnes, 2400 cabines pour 6330 passagers dont 1704 membres d’équipage. C’est vrai que vu de Rivedoux, il ressemble à un immeuble sur l’eau. Comme nous pouvons le découvrir dans le reportage, dans le navire, tout est pensé pour divertir les croisièristes : plusieurs galeries commerciales avec magasins et restaurants, piscines, salles de spectacle et de cinéma, stade et salles de sport, espace pour enfants… Mais l’invitation n’‘avait pas pour seul objectif de faire la démonstration de toutes les activités possibles à faire sur le bateau. Patrick Pourbaix, le directeur général Belgique, Luxembourg et France de MSC Croisières était aussi présent à bord pour évoquer les efforts technologiques réalisés pour fournir des bateaux moins polluants. Greenwashing ou vraies avancées technologiques ? Un peu les deux. Il est vrai que la compagnie de croisières a engagé des capitaux en recherche et développement pour créer des navires tout aussi grands mais moins polluants : le prochain bateau qui sortira en octobre prochain des Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire sera propulsé par des moteurs au gaz liquéfié et il disposera de piles à combustible qui lui assureront une partie de l’électricité nécessaire à bord. Le directeur évoque par ailleurs les pots catalytiques utilisés pour filtrer les particules qui ressortent des cheminées du bateau dans l’atmosphère, mais aussi des croisières européennes avec des petites distances entre chaque escale, toute une stratégie mise en place pour réduire coûte que coûte cet impact carbone.

Il n’empêche, ces gros bateaux de croisière ont tout de même un bilan carbone qui reste pointé du doigt, même s’il tente à s’améliorer avec des avancées technologiques certaines.

D’aucuns jugent les retombées économiques insuffisantes comparées aux nuisances environnementales engendrées. Afin d’identifier les retombées économiques, évaluer les enjeux environnementaux et analyser la cohérence de cette activité avec la stratégie de tourisme durable, les acteurs du territoire souhaitent engager une étude sur l’évolution souhaitée dans les prochaines années. Un comité de pilotage est mis en place à cet effet, associant Charentes Tourisme, La Rochelle Tourisme & Evènements, la ville et la communauté d’Agglomération de La Rochelle, la Chambre de Commerce et d’Industrie Charente-Maritime ainsi que Port Atlantique La Rochelle.

A partir d’un état des lieux, cette réflexion collective identifiera les forces et les faiblesses, ainsi que les opportunités et menaces de cette filière, et proposera les orientations et la stratégie de positionnement. A noter que l’agglomération rochelaise est engagée dans le projet La Rochelle territoire zéro carbone à échéance de 2040 et que l’accueil de ces navires de croisière ne semble pas très compatible avec cet objectif ambitieux.

Une étude est lancée dès cet été et jusqu’au mois de septembre inclus qui vise à questionner des passagers, l’agglomération, la CCI et le port sur l’accueil des navires de croisières et toutes les parties prenantes et intervenants professionnels maritimes et touristiques. Cette enquête devra permettre d’établir un diagnostic global et complet. Les résultats de cette enquête seront rendus publics avant la fin de l’année 2022. Et une décision commune sera prise au sujet de la stratégie croisière de la ville de La Rochelle, décision commune à tous les acteurs locaux. En attendant, les compagnies de croisière ont encore de beaux jours devant elles, la saison 2023 est déjà réservée, 2024 aussi et c’est déjà le calendrier de 2025 qui est en ligne de mire.

Virginie Valadas