Saliculture : nouvelles perspectives avec l’IGP

Les sauniers de l’île viennent de remporter une victoire qui couronne plus d’une décennie de lutte acharnée. En octobre 2023, le précieux sel de l’île et la fleur de sel ont enfin obtenu l’Indication Géographique Protégée (IGP). Ce label tant attendu marque une nouvelle ère pour les producteurs de sel rétais, comme l’explique Cédric Fortunier, dirigeant de la marque Rivesaline.

« Cela fait plus de dix ans que nous menons ce combat pour faire reconnaître notre savoir-faire », confie Cédric Fortunier. Le parcours a été semé d’embûches : « Nous voulions que l’IGP qualifie une méthode de production traditionnelle, alors que l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) cherchait avant tout à qualifier un produit fini. Nous ne parlions pas exactement la même langue » Finalement, c’est bien le savoir-faire des sauniers qui a été mis à l’honneur.

L’obtention de l’IGP ne se limite pas à un logo sur les sachets de sel et de fleur de sel. Elle impose aussi aux sauniers une rigueur en matière de traçabilité et un cahiers charges exigeant. Cette exigence supplémentaire assure non seulement la qualité des produits finis, mais protège l’identité unique du sel rétais et surtout sa manière de le produire.

Une filière dynamisée

Grâce à cette IGP, les sauniers de l’île de Ré voient leur savoir-faire préservé des tentatives d’appropriation par de grandes entreprises. « Ça évite que des industriels viennent et produisent du sel qu’ils appelleraient “île de ré” mais avec une façon de faire différente de la nôtre », souligne Cédric Fortunier avec conviction.

L’IGP, en plus de renforcer la fierté locale, offre une garantie aux consommateurs : celle de savourer un produit authentique, issu des marais salants rétais, et fabriqué selon des méthodes respectueuses des traditions.  Elle devrait permettre également d’offrir de nouveaux débouchés commerciaux aux producteurs de sel rétais en valorisant leur production.

Une saison 2024 compliquée

Cependant, malgré cette reconnaissance tant attendue, l’année 2024 n’a pas été tendre avec les sauniers rétais. La saison qui débute normalement au début de l’été n’a démarré qu’au début du mois d’août. La cristallisation du sel et de la fleur de sel ne s’opère qu’avec la conjonction du vent et du soleil plusieurs jours durant.

Les conditions météorologiques défavorables ont fortement impacté les récoltes, “On a eu beaucoup de pluie depuis le mois d’octobre 2023 et jusqu’à fin juillet, si on va jusqu’à mi-septembre, on aura sauvé l’honneur” explique Cédric. 

Les sauniers rétais s’attendent à des saisons sans doute de plus en plus compliquées, à cause du dérèglement climatique. Malgré tout, ils continuent de puiser leur force dans la préservation de leur savoir-faire, désormais protégé et valorisé par l’IGP.

Le festival Fleur de sel 2e édition le dimanche 8 octobre

Cette IGP qui dynamise la filière, il en sera évidement question lors du festival Fleur de sel. Forts du succès de la première édition du festival Fleur de sel qui avait rassemblé plus de 4000 visiteurs sur la commune des Portes-en-Ré en 2023, les organisateurs, à savoir la conseillère départementale Véronique Richez-Lerouge, son homologue Patrice Raffarin ainsi que le maire des Portes-en-Ré Alain Pochon, s’associent pour co-organiser la deuxième édition du festival le dimanche 8 septembre prochain. Ce festival Fleur de sel est destiné à devenir un rendez-vous récurrent à l’automne, pour une grande fête familiale destinée à faire connaître le savoir faire ancestral de la saliculture charentaise maritime et mettre en valeur les marais salants, comme garants de la préservation d’une précieuse et riche biodiversité. 

Nina Metayer, marraine de l’événement

De 10h à 19h, des visites de marais salants seront proposées. Les visiteurs pourront même s’essayer à l’utilisation d’outils traditionnels de sauniers. Des animations pour tous sont au programme : jeux, rencontres avec des producteurs lors d’un marché fermier, foodtrucks pour se restaurer… La prestigieuse marraine de cette édition n’est autre que la pâtissière rochelaise Nina Metayer, championne du monde de pâtisserie. Elle évoquera l’importance du sel dans les recettes sucrées au cours d’une conférence en fin de matinée. Le chef local Daniel Massé, ambassadeur de la gastronomie rétaise, évoquera quant-à-lui la cuisine traditionnelle rétaise, dont la fleur de sel et le gros sel local sont évidement des ingrédients indispensables.

Une filière qui a du poids en Charente-Maritime

La Charente-Maritime est le plus important bassin de production de sel marin de la région Nouvelle-Aquitaine. S’ils sont une centaine de producteurs à l’île de Ré dont une majorité réunie à la Coopérative des sauniers, la saliculture fait aussi des émules à l’île d’Oléron et en bord de Seudre où de plus en plus de sauniers s’installent, Oléron leur offrant un grand potentiel foncier. C’est sûr, ce festival là ne manque pas de piquant !

Pour tout savoir sur le programme du festival Fleur de sel

Journaliste et montage Hugo Da Silva