LE PRÉSIDENT DE LA LPO ADRESSE UN COURRIER CITOYEN AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Allain Bougrain Dubourg se déclare « envahi par la colère » face à l’hécatombe du nombre de dauphins morts, dont les cadavres viennent, chaque hiver, s’échouer sur les côtes aquitaines et vendéennes. Sombre spectacle que les Rétais ont malheureusement coutume d’observer de plus en plus lors de balades hivernales sur les plages !
Le président de la LPO, ardent défenseur de la biodiversité s’est emparé du sujet le 25 janvier dernier et fort de sa notoriété, il a rédigé un courrier citoyen qu’il veut adresser au président de la République Emmanuel Macron. Il y invite « les amoureux et amoureuses de la nature à cosigner ce courrier » par milliers. L’objectif est d’obtenir d’Emmanuel Macron une interruption de la pêche, dans le golfe de Gascogne et pendant une durée d’au moins trois semaines à cheval sur les mois de février et mars, période de reproduction des bars, ce qui attire les dauphins et les pêcheurs. Il s’agirait de débloquer des fonds pour indemniser les pêcheurs proportionnellement à leur manque à gagner.
Interviewé au téléphone, Allain Bougrain Dubourg nous a fait part de l’organisation d’une réunion mi-janvier avec Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, Bérangère Couillard, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Cédric Marteau de la LPO, Franck Lalande et Johnny Whal qui représentaient les comités régionaux des pêches et lui-même en duplex : « il y a eu une bonne écoute et un accueil favorable de la part des ministres sur ce dossier extrêmement sensible. » Pour autant, Allain Bougrain-Dubourg maintient la pression car il pense que le gouvernement tergiverse face à une situation urgente.
Il explique : « Les échouages de cadavres de dauphins, c’est récurrent depuis plus de quinze ans. C’est une situation qui non seulement s’installe dans la durée, mais qui intervient même de plus en plus tôt, avec une mortalité de cétacés en augmentation. Cela va finir par affecter de manière définitive la population des dauphins qui sera gravement touchée. Pas plus tard que lors de mon dernier week-end à l’île de Ré début janvier, j’ai trouvé deux cadavres de dauphins sur la plage de Montamer et sur celle de Basse Benaie à Sainte-Marie-de-Ré, à quelques heures d’intervalle et à 2 km de distance. Et pour 10 cadavres qui s’échouent sur nos côtes il y a au moins 100 dauphins qui meurent et qui coulent au fond. Ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Par ailleurs, on le sait maintenant, ces dauphins meurent parce qu’ils sont capturés par erreur par des pêcheurs et restent coincés dans des filets de pêche. C’est que qu’ont déterminé les chercheurs du laboratoire Pelagis de La Rochelle qui effectuent les autopsies des cadavres. Ils meurent par asphyxie au cours d’une lente agonie d’au moins trente minutes, c’est intolérable. Les dauphins sont des mammifères dotés d’une grande sensibilité. »
Il réfute également l’efficacité des mesures prises récemment par certains pêcheurs qui avaient équipé leurs navires d’émetteurs à ultrason répulsifs – des pingers, ndlr – et de caméras embarquées : « les pingers ont eu et ont encore un effet limité. D’abord, les dauphins savent les identifier maintenant et le son des pingers a aussi participé à les désorienter. Surtout, les bateaux équipés du dispositif ne sont pas assez nombreux. Ce mille-feuilles de mesures n’est pas efficace, on le voit bien, puisqu’il y a de plus en plus de cadavres de dauphins qui s’échouent sur nos côtes aquitaines et vendéennes. »