Martin met de la couleur dans nos vies
Martin, 33 ans, est un artiste nomade performant entre Berlin, Paris et l’île de Ré. Si le Maritais est venu se ressourcer sur l’île cet hiver, il a souhaité laisser place à sa liberté d’expression en organisant plusieurs « happenings » rétais. Nous l’avons suivi dans son repérage, sa préparation de la mise en lumière et en sons de l’ancien cinéma Atlantic à Saint-Martin-de-Ré. Reportage.
Malgré le grain qui sévissait sur le port de Saint-Martin-en-Ré, Martin a bravé la météo hivernale pour organiser une projection de « sa dernière séance » : une fresque lumineuse qui est devenue sa signature. “Ah ! Attends, regarde !” Emprisonné dans une cour, l’ancien cinéma laissé à l’abandon semble susciter son attention. Le crachin se transforme en déluge mais rien n’arrête la fibre artistique de Thym’Art, son nom d’artiste. Le jeune homme exécute la même chorégraphie : les mains devant formant un rectangle, accroupi, oeil ouvert, oeil fermé, il prend des mesures : “On pourrait lui redonner un peu vie à ce cinéma !” clame-t-il. Bingo ! Ce lieu isolé, peu éclairé, témoin du temps jadis où le cinéma Atlantic projetait sur grand écran des classiques a été choisi par l’artiste. “Ce sera ici.” Une fois un cliché pris à l’aide de son téléphone, direction son atelier à Sainte-Marie-de-Ré.
Les préparatifs débutent. Peintre et vidéaste, Martin commence à s’exécuter : son ordinateur face à lui, son logiciel allumé, des formes apparaissent. Martin a commencé par la peinture à la bombe sur les murs de Paris, du street art sous forme de graff qu’il a transformé au fil dans ans en projection avec des compositions de groupes d’amis musiciens. Ou selon l’envie du moment, des musiques de sa playlist en corrélation avec son travail.
Du rouge, du orange, du jaune, du bleu et du vert seulement. Cette palette lui est précieuse et lui vient de ses voyages en Inde, en Colombie ou dans les pays africains. Une culture qu’il affectionne particulièrement et que l’on retrouve toujours dans ses créations actuelles. “Mes projections sont toujours spontanées.” explique l’artiste entre deux réglages du vidéoprojecteur et un fusible défaillant. “Il faut savoir que je n’étais pas du tout prédestiné à ce milieu. C’est à la suite d’un accident que j’ai commencé à peindre. L’art était d’abord, pour moi, thérapeutique.” nous confie Martin.
Le mapping est enfin prêt après deux jours de travail.
Samedi 7 janvier à 19h, avec un coup de curseur magique et beaucoup de créativité, la magie opère.
La fresque lumineuse fait son effet, spécifiquement pensée pour que les différentes parois de l’ancien cinéma bénéficient toutes d’illuminations. La douzaine de personnes présentes, le sourire aux lèvres, accueille chaleureusement le spectacle qui est offert. Des promeneurs curieux, attirés par la musique, viennent jeter un coup d’œil. Pari réussi pour Martin. L’artiste est déjà en train d’imaginer la prochaine fresque lumineuse à créer. Peut-être au phare des Baleines ?
Retrouvez Martin sur Instagram @thym.art
Gabriel Page