Le sel, les sauniers et la saliculture à la fête

La première édition du festival Fleur de sel est accueillie le dimanche 17 septembre de 10h à 19h aux Portes-en-Ré pour une journée d’animations et de fête autour de la production de sel. Un rendez-vous pour tous qui pourrait s’ancrer dans le calendrier rétais. Cette initiative départementale vise à mieux faire connaître, défendre, protéger et valoriser un savoir-faire unique sur la côte atlantique française.

La conseillère départementale de l’île de Ré Véronique Richez-Lerouge, spécialiste des labels alimentaires a « piloté » l’organisation de l’événement. Elle a répondu aux questions du média Les Rétais.

Les Rétais : Pourquoi avoir souhaité organiser le festival Fleur de sel ?

Véronique Richez-Lerouge : Le département de la Charente-Maritime est un gros bassin de production salicole, avec en locomotive, le territoire de l’île de Ré qui regroupe une centaine de producteurs, des indépendants au nombre d’une trentaine et les sauniers regroupés à la coopérative, environ 70 producteurs. Mais c’est aussi Oléron où l’activité salicole est repartie plus récemment et où il y a un gros potentiel d’installation de sauniers. Pour l’instant, ils sont sept à Oléron. Et après, on en compte de ci-de là en bord de Seudre. C’est une activité économique qui a un poids certain sur notre département.

Mais cette activité et les produits qui en découlent : le gros sel, la fleur de sel, les sels aromatisés, sont finalement mal connus du grand public et souffrent d’un déficit de notoriété. Surtout que ce sel de terroir a aussi une typicité gustative. Il est bon pour la santé car plus riche en oligo-éléments que les autres sels. Il doit réapparaître ou apparaitre sur les tables des Charentais-Maritimes, dans la restauration mais aussi dans les foyers. C’est pourquoi nous y avons associés des chefs comme celui de La Baleine Bleue (Saint-Martin-de-Ré), de l’Hysope (La Jarrie), l’Aquarelle (Breuillet) ainsi que la pâtissière originaire de La Rochelle Nina Métayer.

Cette initiative est donc pilotée par le Conseil départemental, en partenariat étroit avec la Communauté de communes de l’île de Ré qui soutient l’installation de nouveaux sauniers depuis longtemps et avec l’association des producteurs de sel de l’île de Ré (APSIR).

L’idée est de défendre, de valoriser et de protéger un savoir-faire ancestral, qui utilise des méthodes de production naturelles et authentiques.

Quoi de mieux que les Journées européennes du patrimoine pour fêter ce patrimoine naturel unique ? Les marais salants sont la démonstration d’un patrimoine naturel vivant, favorisant la biodiversité et façonnant des paysages particuliers. Ils sont aussi le fruit d’une histoire séculaire. Au XIXe siècle, l’île de Ré comptait environ 1000 sauniers, puis l’activité est tombée en désuétude avant d’être relancée dans les années 90 et 2000 grâce à une volonté politique… Aujourd’hui, il est temps d’écrire un nouveau chapitre pour cette saliculture à la fois traditionnelle et bien vivante.

Ce festival Fleur de sel est donc aussi un acte militant ?

VRL : Il s’agit de dépasser la carte postale. Le terme de militant est trop fort mais oui il est question de soutenir une filière, dans un contexte tendu où la concurrence et les lobbys laissent peu de place aux « petits producteurs ». Bruxelles a finalement renoncé à son label bio européen qui allait inclure dans le même « sac fourre-tout » les sels produits de manière artisanale sur la côte atlantique française (en Charente-Maritime mais aussi à Guérande et Noirmoutier) avec des sels de mine. Si les sels de mine produits en Allemagne et dans des pays du nord de l’Europe sont bien des sels naturels provenant des montagnes, ce sont leurs méthodes d’extraction qui posent question. Bruxelles renvoie donc chaque pays de l’Union Européenne à définir son propre cahier des charges pour labelliser son sel. C’est donc le moment d’avoir des actions fortes. C’est concomitant à la demande d’une Indication géographique protégée (IGP) auprès de l’Institut national des appellations d’origine (l’INAO) qui garantira une véritable protection aux sels de l’Atlantique, grâce à un cahier des charges intransigeant et exigeant. Il faut faire vite et bien, aujourd’hui, nous avons les cartes en main.

C’est aussi pour cela que j’ai créé le club des croqueurs de sel qui regroupe des journalistes gastronomiques, des chefs et des influenceurs. Objectif : peser dans le débat et faire du lobbying.

Mais ce festival Fleur de sel se veut néanmoins être une grande fête ?

VRL : Oui complètement, c’est un rendez-vous pour toute la famille où les enfants comme les parents vont s’amuser. Nous allons proposer des découvertes sensorielles, pour suivre le chemin du sel des marais à l’assiette. Les visiteurs pourront mettre la main à la pâte avec la création de sculptures en pâtes à sel, il y aura une démonstration de graff avec Drope, un artiste de La Couarde qui va réaliser une fresque sur les oiseaux des marais, la réalisation d’une sculpture de sel, un concert de reggae, une exposition sur l’histoire de la saliculture.

Des balades en vélo, au départ des Portes,  permettront d’avoir des visites commentées sur les marais salants d’Ars-en-Ré, de Saint-Clément et des Portes. Il y aura un marché des producteurs rétais, des foodtrucks pour se restaurer.

Il y aura aussi trois tables rondes : le sel à travers l’histoire animée par Jean-Michel Carozza,  géoarchéologiste de l’université de La Rochelle, une autre sur la sali culture, garante de la biodiversité animée par Frédérique Tuffnell, l’ex-députée est spécialiste des zones humides et enfin, une autre animée par Louis Merlin, saunier Rétais et président de l’association des producteurs de sel de l’île de Ré  évoquera les labels et le soutien politique à l’installation des sauniers dans les années 2000.

Cela va être la fête du sel sur 2000 m2 à la pointe à Chabot.

Venez nombreux !

Sur le même sujets, voir aussi quelques uns de nos nombreux reportages consacrés à cette activité :

https://les-retais.fr/les-secrets-du-sel-de-lile-de-re/

https://les-retais.fr/sel-de-lile-de-re-la-recolte-2023-est-lancee/

https://les-retais.fr/les-sauniers-solidaires-des-sauveteurs-en-mer/