Cap vers des croisières décarbonées
L’entreprise rochelaise Fountaine Pajot a dévoilé jeudi 6 avril à l’espace Encan son nouveau bijou, le Samana 59, un bijou d’innovation et même une première mondiale car c’est le premier catamaran à combiner hydrogène vert, énergie solaire et éolienne.
Le catamaran est entièrement décarboné à l’usage. Le bon vieux moteur diesel est remplacé par 42 m2 de panneaux solaires couplé au groupe électro-hydrogène REXH2 produit par l’entreprise française EODev, construit autour d’une pile à combustible Toyota. Cette pile convertit l’hydrogène en électricité par une réaction électro-chimique.
Le Samana 59 est un bâtiment de luxe de 59 pieds destiné à la location touristique, avec une capacité d’accueil de 12 à 14 personnes. Son autonomie est de 40 heures au mouillage et de 10 heures en navigation au moteur à une vitesse moyenne de 5 nœuds.
Ce catamaran s’inscrit dans une réelle volonté écologique de l’entreprise Fountaine Pajot. Le projet est né suite aux résultats d’une enquête menée en 2020 par la firme française. Elle a démontré que 80% de l’empreinte carbone provient de l’utilisation, soit le moteur à combustion diesel et 20% seulement de la production des bateaux. Une réelle surprise pour les cadres de la société ainsi que pour les croisiéristes et les plaisanciers. Cela a déclenché une prise de conscience sur la nécessité de participer d’une manière ou d’une autre à décarboner le secteur de la plaisance et notamment de la plaisance haut de gamme pour Fountaine-Pajot, avec une échéance calendaire fixée à 2030.
Pour gage de cette engagement, l’entreprise a signé un partenariat avec l’ONG WWF visant à mettre en œuvre un plan d’actions pour protéger les écosystèmes marins et notamment les herbiers de posidonie : cette plante à fleurs marine présente dans presque toute la Méditerranée, et uniquement en Méditerranée est menacée par l’impact de l’ancrage des bateaux.
Mais le secteur du tourisme maritime a encore des progrès à faire pour permettre à l’usage de ce type de navires de se démocratiser : “Nos clients ont acheté un véhicule qui n’a pas de pompe pour faire le plein”, explique Romain Motteau, Directeur général délégué de Fountaine Pajot. Ainsi pour exploiter le potentiel de ces navires, il faudra équiper les ports et marinas de stations-service à hydrogène.
Cette volonté implique de réussir un autre challenge : l’éducation. Le personnel de maintenance et de navigation devront être formés à ce nouveau système. Mais les usagers ont aussi une part importante à jouer pour éviter de participer à la dégradation de l’environnement. “Nous constatons que nos clients se préoccupent peu d’économiser l’énergie quand ils sont sur nos bateaux” affirme Loïc Bonnet PDG de Dream Yacht. Avec la société de croisières Tradewind, ils sont les deux professionnels du tourisme de plaisance à être partenaires et à avoir cru dès le début à cette innovation mondiale. Selon eux, il en va de l’avenir de leur secteur d’activité. Ils sont prêts à patienter avant de proposer à leurs clients des croisières sur ces bateaux totalement décarbonés.
En plus de la présentation du Samana 59, Fountaine Pajot a également présenté le premier modèle de catamaran équipé de moteurs électriques, « Aura 51 ». Plus petit (avec une capacité d’accueil de 6 à 8 personnes), il sera produit en plusieurs exemplaire dès cette année.