Érosion côtière : des solutions à l’étude

Il a fallu rajouter des chaises et cela n’aura pas suffit à permettre à tout le monde de s’asseoir : les Rétais ont été très nombreux à répondre à l’invitation du président de la Communauté de communes de l’île de Ré Lionel Quillet et à son vice-président, délégué au littoral Patrick Rayton. Le sujet de la réunion : digues et érosion, où en est-on ?

 Les objectifs de ce temps étaient de : « – donner aux Rétais de l’information précise et fiable, de faire de la pédagogie sur des sujets complexes mais décisifs pour notre île ; – rappeler tout ce qui a été déjà réalisé par les pouvoirs publics en termes de protection contre la submersion depuis Xynthia sur notre territoire ; – aborder le phénomène de l’érosion de manière sérieuse avec le bureau d’études de la CDC Casagec, évoquer tout le travail réalisé sur les dunes ou à proximité en partenariat avec l’Office national des forêts. Mais surtout expliquer l’engagement dans une stratégie à moyen et long terme, et présenter des cartes informatives à 2050. »

L’un des territoire les mieux protégés de France

Lionel Quillet a évoqué dans un premier temps l’historique des digues retaises et surtout, tout ce qui avait été réalisé depuis Xynthia (la submersion marine de 2010 qui a touché La Charente-Maritime et la Vendée), avec le soutien sans faille et l’entregent de l’ancien ministre et ancien président du Département Dominique Bussereau : « vous êtes sur le territoire à risque le mieux protégé de France. Car si Oléron est un territoire d’érosion, Ré est un territoire de submersion ». Les financements des digues, de la porte du port de La Flotte inscrites dans le Papi1* puis ceux du Papi 2ont été obtenus « aux forceps grâce à plusieurs allers et retours à Paris au ministère de la Transition écologique… Avec Dominique Bussereau, nous avons été en contact avec sept ministres de la Transition écologique différents ».

La protection de l’île de Ré se chiffre à 100 millions d’euros répartis comme suit : 13 millions de travaux d’urgence, 53 millions de travaux du Papi1 (réalisés) et 35 millions pour le Papi2. Lionel Quillet maitrise son sujet sur le bout des doigts. Il rappelle la complexité juridique qui entoure les digues et leur maintenance, à quelle collectivité appartiennent-elles ? à qui échoit la responsabilité de les entretenir ? Car certaines règles ont changé avec les dernières lois de décentralisation et les nouvelles régions. Pour le Papi 2, il n’y a plus de participation financière de l’ex région Poitou-Charentes, depuis lors incluse dans la très grande Nouvelle-Aquitaine. Si l’État est toujours là à hauteur du financement à 40%, il n’y a plus la Région, reste le département de la Charente-Maritime, toujours maître d’ouvrage.

Lionel Quillet exprime des inquiétudes pour la réalisation des protections du Fier d’Ars-en-Ré (Papi2). Il se dit dans l’attentisme de voir les premiers chantiers être livrés. Il tacle sans le nommer son successeur au Département. Selon le président de la CDC, il serait nécessaire de refaire du lobbying dans les ministères parisiens. « Plus on attend, plus les chantiers seront difficiles à concrétiser« . Interrogé lendemain de la réunion où il n’était pas, Patrice Raffarin, maire de Rivedoux et conseiller départemental se veut rassurant : « nous avons eu un comité de pilotage sur la protection d’Ars-en-Ré fin avril, tout sera livré dans les temps ».

Lutter contre l’érosion des dunes, mais à quel prix ?

Le maire de La Couarde, Patrick Rayton a rappelé que les élus rétais n’avaient pas attendu les tempêtes de cet hiver 2024 pour travailler sur l’érosion des côtes et des dunes, notamment avec le concours actif de l’Office Nationale des Forêts (l’ONF) dans le renforcement des dunes et un Observatoire du littoral documenté par les ingénieurs et techniciens du bureau d’études Casagec qui travaille sur le sujet depuis dix ans pour la CDC. Des travaux d’urgence ont d’ailleurs été engagés dès cet hiver après chaque épisode de tempête.

Les principales annonces sur ce chapitre de la protection du trait de côte avec ont été faites avec notamment la création d’une stratégie locale de gestion intégrée de la bande côtière et une étude lancée de 12 à 15 mois. Car sur ce chapitre justement, l’État envisage de ne pas mettre un euro, surtout depuis la loi « Climat et résilience ».

Selon Lionel Quillet, des solutions de financement seront trouvées à condition d’obtenir un transfert de compétences des communes vers la CDC, « car si nous ne faisons rien, nous allons vers une vraie modification du trait de côte à long terme. »

Que serait l’île de Ré sans ses plages et ses dunes mangées inexorablement par l’océan ? Ce maintien du trait de côte aura un coût. Si personne ne s’est exprimé à l’issue de cette réunion bien menée deux heures durant sur les sommes qui seront engagées à l’avenir, d’aucuns sur l’île de Ré trouvent déjà que les 100 millions d’euros consacrés aux digues représentent un montant colossal, alors que l’île de Ré se trouve confrontée à des difficultés ici et maintenant et pas en 2050.

*Papi : programme d’actions de prévention des inondations

Images et montage Hugo Da Silva, texte Virginie Valadas

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