Boris renoue avec la pêche artisanale en vente directe
Et avec une tradition familiale.
Sur le port de Saint-Martin-de-Ré, où les mouettes côtoient les bateaux, une scène se répète depuis des générations. À bord de son petit navire : l’Ode, Boris largue les amarres plusieurs fois par semaine pour la pêche. De retour au port, il démaille les filets, il vide puis lave ses poissons en direct sur le quai et les vend. Ce jour là, ce sont essentiellement des bars qui ont été capturés, mais selon la saison, cela peut-être tout aussi bien des soles, des dorades, des mulets… Ce pêcheur, troisième d’une lignée, après son père et son grand-père, perpétue un savoir-faire et une certaine idée de la pêche artisanale.
Chaque jour à marée haute, Boris part en mer depuis le port de Saint-Martin. Ses journées sont rythmées par les marées, le vent et les prises. Quand la mer est agitée, les filets se remplissent mieux. À son retour, un simple message sur son groupe WhatsApp suffit pour que ses fidèles clients se pressent sur le quai. Ici, pas de marché ni d’intermédiaire : Boris pratique la vente directe au bateau garantissant fraîcheur et meilleur rapport qualité-prix grâce à ce circuit court.
Un métier qui se perd
« C’est un métier qui se perd, mais c’est une passion », confie Boris. « J’aime que les chaumières rétaises sentent bon le poisson de chez nous. »
À l’autre bout de l’île, Charles, à bord du « Jason », partage cette même passion. Tous deux sont les derniers représentants rétais d’une pêche traditionnelle qui tend à disparaître et tout les deux vendent leur pêche en direct dès qu’ils le peuvent.
Pour pouvoir bénéficier de la pêche de Boris, qu’il vend sur le port de Saint-Martin-de-Ré sur le quai devant l’hôtel de Toiras, il suffit de s’inscrire sur le groupe WhatsApp : « L’Ode, vente de poissons au bateau ». Les 300 personnes inscrites sur ce groupe reçoivent un message à chaque retour de pêche. Boris vend aussi sa pêche ponctuellement le samedi matin devant le Magasin des producteurs situé au Bois-Plage à côté de la cave coopérative Uniré.
En choisissant d’acheter leur poisson directement auprès des pêcheurs, le consommateur fait aussi un geste engagé. Il soutient une économie locale, préserve un savoir-faire ancestral et mange un produit sain et de saison. Car même pour la pêche, y a des saisons.
Pourtant, cette tradition est menacée. La récente interdiction de la pêche dans le golfe de Gascogne, prévue du 22 janvier au 20 février prochain pour diminuer les captures de dauphins (pour la seconde année à la demande d’ONG environnementales*), complique la pratique du métier pour ces pêcheurs artisanaux. Cet arrêt, destiné à protéger les stocks de mammifères marins, pris dans des filets par capture accidentelle, représente un mois sans revenus pour Boris et ses confrères. S’ils sont indemnisés par l’Etat, les indemnités arrivent beaucoup plus tard dans l’année. Ces artisans pêcheurs doivent donc assumer un manque à gagner certain. Pour Boris, c’est d’autant plus injuste qu’il n’a jamais connu ce mauvais sort de capturer un mammifère dans ses filets. Mais comme ses confrères, il se soumet à la loi.
Ce contexte met en lumière les défis quotidiens des pêcheurs artisanaux, pris entre la préservation des ressources marines et la survie de leur activité.
Journaliste et montage Hugo Da Silva
*L’Etat va reconduire l’interdiction de la pêche dans le golfe de Gascogne du 22 janvier au 20 février 2025. Cette mesure, mise en place l’an passé a permis de diviser par quatre les captures mortelles de dauphins.
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