Portraits de Femmes oubliées

Le 6 mars 2023, les lycéennes et lycéens de l’établissement Valin à La Rochelle ont invité le public au vernissage d’une exposition tout à fait spéciale intitulée « Femmes oubliées » et consacrée aux femmes invisibilisées des manuels scolaire et plus largement de l’Histoire. Isabelle Tivenin, professeure d’histoire-géographie est à l’initiative de ce projet interdisciplinaire qui a réuni également des enseignants de littérature et d’arts plastique.

Ching Shih, Sappho, Lise Meitner… Ces noms de femmes ne vous disent probablement rien mais elles ont bel et bien marqué l’Histoire, avec un grand H. Dans le hall du lycée Valin de La Rochelle, leurs portraits ainsi que ceux de femmes de différentes ethnies, générations et époques sont affichées. La date de l’exposition n’a pas été choisie au hasard, puisque le 8 mars est la journée internationale de droit des femmes.

A travers cette exposition, Isabelle Tivenin, professeure d’histoire-géographie, et sa collègue Katia Bourdin, professeure de littérature, ont souhaité mettre sous le feu des projecteurs des femmes trop longtemps ignorées des manuels scolaires, mais aussi des villes (noms de rue et d’établissements publics).  En un mot, ces femmes qui sont les oubliées de l’histoire.

Les lycéennes et lycéens de l’établissement ont dressé des portraits artistiques de femmes ayant ouvert la brèche, défriché, dans des domaines aussi variés que les droits de l’homme, les sciences, le sport, le militantisme et même la piraterie ou les assassinats.  Pourquoi seuls les meurtriers hommes seraient célèbres ?

Pour cela, ils ont dû faire un travail de recherche biographique important. “C’est surtout les garçons, qui après ce travail de recherche, étaient presque en colère de constater cette injustice !” confie Katia Bourdin, qui se définit comme enseignante militante.

Selon une étude menée par le Centre Hubertine Auclert, sur onze manuels d’histoire-géographie observés, il n’y a que 3,2% de biographies de femmes. En France, seulement 19 % des établissements scolaires portent un nom féminin ou de femme importante (Notre-Dame étant recensée…) selon nos confrères de Ouest-France avec les chiffres du ministère de l’Éducation nationale. Outre le cadre scolaire, seulement 2% des rues en France portent un nom féminin ou de femme importante. “Cette exposition vise à montrer aux jeunes femmes qu’il y a eu de grandes scientifiques, de grandes poétesses, de grandes exploratrices. On veut ouvrir l’imaginaire des jeunes filles et des jeunes hommes. C’est une question de devoir collectif”

L’exposition est visible jusqu’au 15 mars dans le hall du lycée Valin et pourrait ensuite tourner dans d’autres établissements scolaires.

Gabriel Page