Bon anniversaire la Communauté de communes de l’île de Ré
La Communauté de communes de l’île de Ré a 30 ans ! Cela valait bien un énorme gâteau de plusieurs étages à l’occasion de la cérémonie des voeux organisée le 18 janvier dernier au Bois-Plage devant une salle polyvalente remplie avec au moins 1000 personnes.
Devant un parterre d’élus (tous les premiers magistrats de l’île de Ré) la maire de Surgères en guest mais aussi des représentants de l’État : le préfet en tête, devant les représentants de toutes les associations rétaises, des champions sportifs locaux (Beach volley, voile, planche à voile, Ultimate) et un public attentif, le président de la collectivité territoriale Lionel Quillet a décliné les grands axes de la politique mise en oeuvre depuis 2008, année de son élection à la tête de l’EPCI° et y a ajouté quelques nouveaux dossiers, comme la réglementation des meublés de tourisme et la lutte contre l’érosion des dunes.
Avant, il y avait le Syndicat à vocation multiple, le Sivom (l’ancêtre de la CdC) dont l’objet principal était la mutualisation de la gestion des déchets entre les différentes communes. Le budget de fonctionnement du Sivom était dérisoire et quasiment entièrement consacré à nos poubelles.
Aujourd’hui, la gestion des déchets est toujours une très grosse partie du camembert dans le budget de la Communauté de Communes. D’ailleurs Lionel Quillet a annoncé le transfert de la déchetterie du Bois-Plage vers le site des Gachettes et la reconstruction du centre de transfert qui avait brûlé sur le même site des Gachettes.
La Communauté de communes : un gros navire
Bien d’autres compétences ont été ajoutées, soit de manière obligatoire dans le cadre des lois de décentralisation successives, soit de manière facultative. Et à l’île de Ré, la Communauté de communes est devenue omniprésente : équipements sportifs, plan éducatif local (soit tout ce qui concerne la petite enfance, l’enfance et l’adolescence hors Éducation nationale), la culture avec la gestion directe de La Maline et bien sûr, l’instruction des demandes de permis de construire, le PLUi°, la protection côtière avec les Papi°, l’écotaxe…
Aujourd’hui, la Communauté de communes de l’île de Ré est un gros navire avec un budget de plus de 70 millions d’euros (73 millions d’euros en 2023 : budget primitif + budgets annexes). La structure fait travailler plus de cent salariés.
Parmi ces compétences facultatives : le logement
Dans un discours au pas de course avec un débit de parole ultra-rapide, Lionel Quillet a rappelé l’absolue nécessité de logements à loyers modérés et a fixé l’objectif de 2000, avec le concours nécessaire des communes.… La règle fixée est que la CdC prend en charge la création de logements sociaux au delà de 20 logements, les communes ont la maitrise des projets inférieurs.
À échéance plus ou moins proche : 300 logements seront livrés, dont 25 en 2025 à Saint-Martin-de-Ré. Appel a été fait au préfet afin que sur ce parc de logements martinais, une partie soit réservée au personnel de soignants de l’Ehpad, de la maison centrale, aux pompiers et autres personnels des services publics indispensables à la vie permanente de l’île.
Réglementer les meublés de tourisme
Mais le gros dossier de cette année 2024 est le projet de réglementation des meublés de tourisme. Il sera discuté en Conseil communautaire au mois de mars et Lionel Quillet espère l’unanimité des maires et élus sur ce dossier. Sans être aussi restrictif qu’au Pays Basque, pour faire revenir des logements à louer à l’année sur le parc locatif privé, plusieurs leviers sont envisagés : des aides à la rénovation, l’ouverture d’une maison de l’Habitat, soit un guichet unique ainsi que des obligations comme celle de l’enregistrement et du changement d’usage et des incitations financières. C’est le gros enjeu du moment. Il en va de l’avenir de l’île de Ré, pour conserver une population de classe moyenne sur l’île ainsi qu’une population active. Pas question pour autant pour le président de la CdC de faire haro sur les résidents secondaires, mais plutôt de viser les promoteurs et spéculateurs immobiliers.
L’autre appel du pied au préfet concerne le plan de lutte contre l’érosion des dunes et des plages. Les récentes tempêtes de l’automne dernier ont montré plusieurs points particulièrement fébriles à l’île de Ré : à la Conche des Baleines, à La Couarde, à Montamer… Si la Communauté de communes a, selon Lionel Quillet, les moyens de prendre en charge tout ou partie des futurs travaux à venir, il compte sur l’Etat pour autoriser la réalisation de ces chantiers. À noter que 20% du financement de ces travaux peut être financés par le Département, suite à une convention que Lionel Quillet avait lui même signé en 2019, alors qu’il était alors vice-président du Département auprès de Dominique Bussereau.
Un pôle socio-culturel au Bois-Plage
Parmi les gros projets envisagés à échéance de 2026, la livraison d’un pôle socio-culturel au Bois-Plage, au lieu dit du Fond La Noue (dans la zone artisanale du Bois), la CdC y a fait l’acquisition d’un terrain d’1,8 hectare il y a quelques années. Autour de l’association Ré-Clé-Ré (actuellement rue Blanche au Bois dans l’ancien siège du Sivom) pourrait s’y agréger des nouveaux locaux pour l’école de musique trop à l’étroit dans son bâtiment actuel (au Bois également) et des salles mutualisées pour des activités culturelles : danse, cirque, théâtre… Rien n’est arrêté et il n’y aura vraisemblablement pas de la place pour tout le monde. Une journée de concertation en décembre dernier a montré qu’il y avait de nombreuses associations sur les rangs, du bridge à la PMI, des activités de l’association le Foyer en passant par l’école de cirque ophidie Circus, la demande est multiple et disparate.
Plus hypothétique, car dans un bâtiment appartenant au Département, le Preau à Saint-Martin-de-Ré deviendrait selon le président une maison de l’Environnement.
Le projet d’insularité pour les écoles primaires
Non évoqué pendant ces voeux, le projet de ruralité rebaptisé projet d’insularité pour l’île de Ré. Il concerne un moratoire de trois ans sans fermeture de classe pour les écoles primaires. Si l’Éducation nationale consent à ne pas fermer de classe sur l’île de Ré d’ici à 2027, elle attend que les maires rétais se concertent pour envisager des solutions ensemble et de manière unanime. Car la démographie rétaise va à l’encontre des projections du maintien de toutes les classes et surtout de tous les enseignants (la baisse démographique est constatée dans toute la Nouvelle Aquitaine et même en France). Sans ce moratoire, à la rentrée prochaine, sept classes seraient fermées, sans compter la fermeture d’une sixième et d’une quatrième envisagée au collège Les Salières à la rentrée 2024.
D’ailleurs, les parents et les enseignants sont en droit de s’interroger sur le nécessaire maintien d’une école par village « quoi qu’il en coûte » pour reprendre une expression macroniste. Des classes à douze élèves avec plusieurs niveaux ne sont pas forcément souhaitables, ni pour les enfants ni pour les enseignants. Déjà que l’île de Ré passe pour l’enfant gâté de la Charente-Maritime. C’est sûr, il est urgent que les maires rétais se mettent au tour de la table. Car trois ans, ça passe vite et d’ici là, ni la natalité rétaise, ni les nouveaux logements sociaux ne vont peupler les écoles de manière suffisante. Alors autant anticiper.
EPCI : établissements publics de coopération intercommunale
Papi : Programmes d’Actions de Prévention des Inondations
PLUi : Plan local d’urbanisme intercommunal
Journaliste Virginie Valadas, montage Hugo Da Silva