Territoire
Ensemble, on est plus forts.
Unis, on est moins seuls et en avançant groupés, comme un pack de rugby, on vainc de nombreux obstacles qui semblaient insurmontables. Le groupe, la solidarité, l’entraide, la complémentarité, l’échange de compétences, de matériel, la rencontre, le soutien, le collectif, l’apprentissage, la transmission, la création, le décloisonnement sont autant de notions qui sont indissociables d’un « tiers lieu ». Un concept, pas très vieux, plus très jeune non plus (une quinzaine d’années), mais dont tous les territoires se gargarisent aujourd’hui. Autrefois réservés aux grandes agglomérations, les tiers lieux investissent maintenant l’espace rural, pour dynamiser des villages endormis, associant activités économiques, culturels, liens sociaux, échanges intergénérationnels. Le Covid a même accéléré le phénomène. L’île de Ré ne fait pas exception à la règle avec des initiatives qui émergent.
L’une d’elle et pas des moindre, est la belle « utopie » portée par les associations Label Oyat (programmation culturelle de La Java des Baleines) et l’Amer (projet de co-working et d’un tiers lieu complémentaire plus orienté sur les activités économiques). Autour de Jonathan Odet, l’un des fondateurs de La Java des Baleines et des membres de l’Amer, un collectif s’est crée qui réunit jusqu’à une vingtaine d’acteurs du territoire : citoyens, entités associatives et entrepreneuriales, tous acteurs locaux et investis sur le territoire rétais dans différents secteurs, principalement la culture, l’écologie, l’alimentation bio et locale, les circuits courts, les activités de bien être et de création. Suite à deux réunions, les acteurs en question ont finalisé une note de synthèse diffusée auprès des élus et des médias. Il y est spécifié d’emblée : « c’est en réunissant un ensemble d’activités sur un même lieu que nous rendrons possible et viable ce type d’initiatives sur l’ile. Le bassin de population n’est pas assez important pour permettre la division de ces types de projets. Réunis et fédérés dans de bonnes conditions de travail, notre action sur l’ensemble du territoire n’en sera que plus efficace et pertinente. »
Les premiers acteurs du collectif
1 L’amer
2 Label Oyat
3 La Java des Baleines
4 Anne-sophie Thomas-Gautier: Bien -être (méditation, massage sonore)
5 Ré-acteurs (théâtre) : Marion Silhol
6 Le champ des sables (jardins partagés) : Thibault Chenaille & Xavier Mounier
7 Ophidie Circus (cirque) : Marie Journel, Nicolas Benezech
8 Biocoop (alimentation, écologie, déchets verts) : Clement Chatain
9 Chevallier Gambette (exposition artistique, galerie, atelier de peinture) : Laetitia Prin
10 Donne un Spectacle (spectacle) : Donin
11 Matahari (alimentation locale et vegan, organisation d’évènements liés) : Felix & Zoe
12 Le dressing (association recyclerie) : Francoise Boucard et Cynthia Doizelet.
13 Ré avenir (association pour une transition énergétique de l’île de Ré) : Joëlle Pelosse.
14 Le Radeau de la Méduse (organisation de spectacles, concerts, lectures) : Sigrid Gloanec
15 Charlilou (Groupe de musique) : Charles et Lilou
16 Contempo-Ré-Danse (danse contemporaine) : Anne-Laure Nivet
17 Surf club : Rémy Cormier
18 Magasine Ile : Morgane Lefort (photographe) :
19 La mer écrite (théâtre et organisation des petites bamboches du canton Nord) : Marine De Missolz
20 Photographes : Tom sauvage et Yohann Labaye
21 Le tigre de Morbador : Daniel Dorothée. (Lady do et monsieur Papa)
Une fenêtre de tir est clairement ouverte.
Et du côté de la Communauté de communes de l’île de Ré, le projet est plutôt accueilli positivement. Car sans la force publique, cette belle utopie pourra difficilement se concrétiser. Dans ‘tiers lieu », il y a lieu et à l’île de Ré, la rareté du foncier rend le projet impossible à mettre en place sans le soutien des politiques pour cerner le potentiel lieu justement : terrain, hangar désaffecté, bâtiment inutilisé à l’abandon…. Conscient de l’enjeu, le collectif précise dans la note de synthèse : « néanmoins, nous défendons l’idée d’adaptabilité, de modularité, de temporaire…. Nous pensons qu’il est visionnaire aujourd’hui de penser ce type d’infrastructure au service de la collectivité comme des espaces « modifiables » à souhait et selon les évolutions de la société, les besoins et les envies, les problématiques locales. Il nous parait important de réfléchir un urbanisme et une architecture d’usage, non « figé ». Et d’enfoncer le clou : « il est possible de mettre en place ce type de projet dans un esprit de transparence et d’esthétisme, de respect de l’environnement, d’architecture vernaculaire et ceci en concertation avec les institutions concernées (CDC, DREAL, ABF, commission des sites, préfecture…). » Où l’on constate que « l’utopie » voulue par le collectif est bien en prise avec les réalités du territoire rétais.
Une fois ces bases bien concrètes posées, cinq axes de développement sont déclinés : un dispositif d’accompagnement dédié aux professionnels de la culture, du social et de l’environnement de type pépinière d’entreprises et d’associations, un espace ouvert au public qui accueillerait des expositions temporaires, concerts, résidences de créations et spectacles…, un espace jeune public et adolescents avec notamment un parc de jeux (adresse, stratégie, aventure, croquet de Ré…) et le parcours sensoriel/découverte de l’environnement local, un petit espace co-working ouvert à tous avec des espaces bureau, salle de réunion et du matériel mutualisé, la mise à disposition de locaux commerciaux à loyer modéré pour la création de commerces culturels de proximité.
En parallèle, le collectif souhaite créer une « Fédération des acteurs culturels Rétais », partie dématérialisée du dispositif mis en place pour le projet de tiers lieu.
L’assemblée générale constitutive est prévue pour la fin février. Dès lors, l’association s’ouvrira aux autres acteurs locaux qui aimeraient prendre ce train grande vitesse, un TGV qui pourrait atteindre sa vitesse de croisière très vite, tant il y a dans cette utopie de l’énergie et de la créativité partagées.
Virginie Valadas
.