Logements permanents
Le problème n’est même pas de constater
que les loyers sont ici plus chers qu’ailleurs, le problème c’est qu’il n’y a même pas une offre de locations disponible. A l’extrême limite, des annonces de location de studios ou de petits appartements se passent de temps en temps entre connaissances par le téléphone arabe, mais pour un couple avec un ou deux enfants, trouver une maison à louer à l’île de Ré relève tout simplement de l’utopie.
Impuissants ? Peut-être pas. Cyril, Michèle, Marie-Hélène et les autres ont plusieurs points communs : ils vivent tous au nord de l’île de Ré toute l’année et depuis longtemps, ils y ont leur activité professionnelle ou une vie de retraité actif, leurs familles, des amies, des engagements associatifs… Ils se désolent de voir des camarades, des relations, des contacts, de la famille même, quitter l’île faute de logement alors qu’une majorité de maisons hiberne dix mois sur douze avec les volets fermés.
A l’automne dernier, ils ont décidé de créer le « Collectif volets ouverts ». Le bouche à oreille a bien fonctionné : de cinq, six personnes, le groupe est passé à dix, puis vingt, trente et maintenant le collectif est composé d’une bonne quarantaine de citoyens, «le collectif regroupe des actifs, des retraités, des familles, des mères célibataires, des propriétaires et des locataires» précise Cyril, l’un des porte-parole et initiateur.
Plusieurs réunions durant l’hiver ont pemis au « collectif volets ouverts » d’établir une charte qui a été rendue publique fin mars. Il y est question tout d’abord de la définition donnée au mot rétais : « personne habitant ou souhaitant habiter l’île de Ré. »
L’objectif est énoncé : « le collectif regroupe toutes les personnes qui se sentent concernées par la vie à l’année dans le nord de l’île – sur les communes de Loix, Ars-en-Ré, Les Portes-en-Ré et Saint-Clément-des-Baleines – sous tous ces aspects : logements, travail, crèches, accès aux loisirs, garde d’enfant. La « mère » de toutes les problèmatiques étant la difficulté à se loger, le collectif entend se concentrer en priorité sur cet aspect. »
« Nous ne souhaitons pas être « contre » quoi ou qui que ce soit, mais « pour » trouver et élaborer des solutions, avec les élus, avec les propriétaires de résidences secondaires ou de biens quels qu’il soient » précise Marie-Hélène.
Le collectif a aussi listé les moyens à mettre en œuvre pour rouvrir des volets : « exercer une veille sur les logements et les terrains constructibles, communiquer régulièrement entre membres du collectif, avoir une démarche militante envers tous les habitants insulaires, permanents et secondaires, propriétaires ou non, rechercher tous les moyens pour augmenter ce parc locatif, travailler en concertation avec les élus et en complément des projets émanant des collectivités locales, faire une veille sur les pratiques adoptées par d’autres territoires confrontés eux aussi à la pénurie de logements, créer une dynamique pour que la législation évolue pour favoriser le logement permanent. »
Des membres du collectif sont allés rencontrer les élus des quatre communes du nord de l’île, ils ont également été reçus par le député de la circonscription Olivier Falorni et entendent rencontrer les autres candidats à l’élection législative ainsi que les conseillers départementaux.
Dès l’automne prochain, les membres souhaitent s’organiser en groupe de travail. En attendant, ils veulent servir d’intermédiaire et de relais d’information pour rassembler encore plus de monde. Le mouvement est en route.
Pour contacter le collectif : les.volets.ouverts17@gmail.com
Virginie Valadas
Et la Communauté de communes ?
- La Communauté de communes de l’île de Ré travaille aussi sur le sujet. Peggy Lutton, élue communautaire couardaise est en charge d’un groupe de travail qui rendra ses conclusions en juin prochain. Mais déjà, le principal problème soulevé concerne le volet financier qui n’est pas incitatif pour les propriétaires puisque les locations permanentes à l’année sont plus taxées que les locations saisonnières.
L’appel du maire de La Couarde
Lundi 11 avril, Patrick Rayton, le maire de La Couarde a adressé un courrier aux Couardais pour demander aux propriétaires de logements vacants sur sa commune de les louer à l’année. Voici cette lettre :
« Madame, Monsieur, Chers Couardais,
Vous avez très certainement appris par la presse que notre école ne compterait plus que deux enseignants à la prochaine rentrée scolaire. Cette situation devrait contraindre à la mise en place d’une classe à cinq niveaux.
Cette situation tient au fait qu’à ce jour seulement cinq ou six enfants constitueraient l’effectif de la maternelle en septembre prochain.
Malheureusement, les perspectives d’effectif de notre école pour les trois prochaines années sont très inquiétantes. L’Académie nous a proposés dès janvier de nous engager dans une démarche « d’école de territoire » visant à regrouper a priori au Bois-Plage les enfants de nos deux villages. Ce qui très clairement entrainerait de fait la fermeture probablement définitive de notre école de village. Après consultation, les élus de la Commune, à l’unanimité ont décidé de ne pas adhérer à ce projet « d’école de territoire ».
Même si nous avons engagé avec la Communauté de Communes un projet de réalisation de logements (entre 21 et 25) sur nos terrains au « Petit Noue » près du camping municipal, il est évident que l’arrivée de jeunes couples est essentielle pour maintenir notre école de village à laquelle nous sommes tous attachés.
Les informations dont nous disposons nous laissent à penser que vingt à trente logements seraient vacants sur notre Commune. Ils pourraient de toute évidence constituer à moyen terme une vraie offre de location à l’année.
Bien évidemment notre collectivité pourrait accompagner les propriétaires pour les informer sur les incitations existantes (réductions fiscales, aides aux travaux, garantie de loyers…).
Je me devais de vous tenir informé de cette situation particulièrement délicate qui pourrait remettre en cause tout ce à quoi nous croyons pour le bien de notre Commune. Sans une école, notre village ne serait plus le même !
Si, en attendant la réalisation de la vingtaine de logements au « Petit Noue » vous seriez disposés à mettre à la location votre logement aujourd’hui vacant, mes adjoints et moi-même sommes à votre disposition pour évoquer cette possibilité.
Soyez certain que l’équipe municipale reste mobilisée, et continue à chercher des solutions pour assurer le maintien de notre école à La Couarde-sur-Mer.
Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, Chers Couardais, à l’assurance de mes salutations distinguées.
Le Maire,
Patrick Rayton. »