Festival
Jazz au Phare reprend ses marques
au pied du phare des Baleines du 31 juillet au 4 août avec une affiche alléchante et variée.
Parmi les stars qui vont se produire sur la grande scène de Jazz au Phare, une diva du jazz, une lady du gospel et du negro spirituals, Madame Rhoda Scott, organiste de 84 ans. En pleine tournée triomphale avec son Lady all stars où elle est accompagnée uniquement d’instrumentistes féminines françaises, elle est acclamée partout et va à la rencontre de son public sur plusieurs générations. Entretien.
Les Rétais : Vous êtes au jazz, ce que les Rolling Stones sont au rock’n roll, que pensez vous de cette comparaison ?
Rhoda Scott : Si vous parlez de longévité, oui c’est vrai c’est comparable. J’ai toujours autant de plaisir à être sur scène. Jouer de la musique pour le public, cela me galvanise, cela me donne de l’énergie, cela me porte. Partout où je suis passée en concert récemment, j’ai fait des signatures et c’est très émouvant, car les gens me témoignent une passion de la musique qui a traversé les générations. Ils me disent, parfois avec les larmes aux yeux : « mes parents avaient vos disques et ils sont venus vous voir en concert en telle année et maintenant, je viens avec mes enfants pour perpétuer cette tradition familiale », c’est à la fois de la transmission musicale et familiale. C’est très touchant.
Les Rétais : Vous avez sorti votre dernier album Lady all stars avec seulement des instrumentistes féminines françaises, y avait-il là une revendication féministe ?
Rhoda Scott : Non pas du tout. C’est un concours de circonstances. Je participais au Festival Jazz à Vienne il y a quelques temps et l’organisateur a voulu proposer une lady’s night et je devais m’entourer de musiciennes uniquement. Je me suis alors rendu compte que je ne connaissais pas d’instrumentistes de jazz femmes en France. Mais bien sûr, en cherchant, j’en ai trouvé et on a fait Jazz à Vienne et cela a tellement bien fonctionné que nous avons décidé de continuer ensemble.
Mais bien sûr, comme chacune a ses propres projets, on a trouvé deux batteuses, deux saxophonistes etc; C’est intéressant parce que cela m’a permis de réaliser que les deux batteuses n’avaient pas le même son, elles n’ont pas la même singularité et elles sont complémentaires. Pour l’anniversaire de mes 80 ans, mon producteur a proposé de nous réunir toutes pour faire ce « Birthday tour » et cela a été une réussite.
Cela m’a permis de réfléchir sur la disparité entre les femmes et les hommes dans le jazz. Les femmes musiciennes de jazz ne représentent que 7% de la production musicale, c’est peu. J’espère qu’ainsi, on ouvre la voie à des jeunes filles musiciennes, qu’on leur permet d’être fières de jouer du jazz…
Les Rétais : Vous venez d’être promue au rang de Chevalier de la Légion d’honneur le 14 juillet dernier, quel est votre ressenti par rapport à cette gratification de La France ?
Rhoda Scott : Je suis très honorée. Je suis très engagée dans la citoyenneté française, j’ai la double nationalité : Américaine et Française. Je suis arrivée en France en 1968 et j’ai vécu plus d’années en France qu’aux Etats-Unis.
Malgré tout, je suis fière de mes racines américaines aussi. C’est parce que mes racines sont dans les églises noires du New Jersey où mon père était pasteur et où je jouais le gospel et le negro spirituals que je suis devenue musicienne.
Rhoda Scott est programmée sur la scène de Jazz au Phare en soirée de clôture le 4 août à 22h avec en première partie de soirée Le Golden Gate Quartet à 20h30.
Interview Virginie Valadas
Infos pratiques
Jazz au Phare du 31 juillet au 4 août
- Le 31 juillet, à La Java des Baleines, concert Tribute to the Kings, un hommage aux trois Kings de la guitare blues
- Le 1er aout : Sly Jonhson à 20h30 et Earth Wind and Fire feat Al Mc Kay à 22h
- Le 2 août : Marco Poingt à 20h30 et Gilberto Gil à 22h
- Le 3 août : Pascal Asso à 20h30 et Jane Birkin à 22h
- Le 4 août : Le Golden Gate Quartet à 20h30 et Rhoda Scott à 22h
Les concerts et animations gratuits tous les jours du 1er au 4 août : de 10h à 12h, la scène enfants avec des ateliers et spectacles
A 13h, les Jazz Connexions, le tremplin co-organisé par Jazz au Phare, Cristal Productions et le festival de jazz de La Rochelle
La fanfare des Allumés du Phare tous les jours sur les marchés
Et les apéritifs et après concerts en terrasse des restaurants du Phare des Baleines La Cabane et Le Café du Phare avec Emilie Kanem Cerito et Jean-Baptiste Franc Trio
http://jazzauphare.com/
Un retour à la normal !
Back to the roots ou retour aux racines du festival, c’est ce que Jean-Michel Proust directeur artistique et programmateur de Jazz au Phare voit dans cette 13e édition . Il vient juste de revenir sur l’île de Ré après s’être produit dans le temple des festivals de jazz du Sud Ouest : Jazz à Marciac en Dordogne. Car outre le fait d’être une des deux chevilles ouvrières de Jazz au Phare avec Jean Chavinier, Jean-Michel Proust est un saxophoniste reconnu, salué par la critique lorsqu’il sort des albums où qu’il se produit en concert.
Il a l’expérience des autres festivals et est aussi une fine bouche du jazz qui connaît tous les musiciens dans le milieu. C’est pourquoi, il défend la programmation de Jazz au Phare avec toute son expérience quand on lui reproche de programmer une affiche pas assez jazz. « Pour les têtes d’affiche, j’assume de dire que nous sommes revenus à la normale avec une soirée funk internationale, c’est Earth Wind and Fire, une soirée world music, c’est Gilberto Gil, une soirée variété française, c’est Jane Birkin et enfin une soirée purement jazz avec Rhoda Scott et le Golden Gate Quartet. Tous ces artistes sont « jazz compatibles » et pour organiser un rendez-vous populaire, nous devons ouvrir l’affiche, car le jazz ne fait plus recette, il ne signifie plus grand chose dans la tête des gens et en particulier dans la tête des jeunes générations« .
Et d’ajouter, qu’autour de la grande scène, les puristes entendront du jazz, du jazz et encore du jazz : au théâtre de verdure, à la Cabane et au Café du Phare. En guise de conclusion, il rappelle que Jazz aux Phare, c’est six scènes, trente trois concerts et cent vingt-huit musiciens. « Un festival, c’est un lieu de vie, un lieu d’échanges et un lieu de partage« . Le mot de la fin.
Le festival Jazz au Phare est labellisé Sites en scènes, une labellisation du Conseil départemental de Charente-Maritime pour les spectacles et les concerts qui ont lieu dans des lieux de patrimoine.
Virginie Valadas