Elections présidentielles
Les élus rétais ne sont pas nombreux à avoir,
à la date du 22 février, choisi de parrainer un des candidats au scrutin présidentiel. Il leur reste jusqu’au 4 mars 2022 pour soutenir l’exercice démocratique de l’élection majeure en France en apportant un parrainage à l’un des candidats en difficulté dans ce domaine. A l’Assemblée nationale, ce même 22 février, Jean Castex, le Premier ministre lançait un appel aux élus, en soulignant « qu’une telle démarche n’était pas forcément synonyme de soutien politique ». La petite histoire ne dit pas si c’est cet appel du Premier ministre qui a incité le maire de La Rochelle, Jean-François Fountaine a parrainé Jean-Luc Mélenchon, mais un laconique communiqué de presse parvenait aux rédactions locales l’après-midi du même jour pour donner l’information suivante : « Afin d’assurer la pluralité des candidatures à l’élection présidentielle et parce qu’Emmanuel Macron, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Fabien Roussel, ont déjà obtenu leurs 500 parrainages, Jean-François Fountaine, maire de La Rochelle a décidé d’apporter son parrainage à Jean-Luc Mélenchon afin qu’il puisse concourir à cette élection majeure pour la République. Cette décision est avant tout un soutien démocratique, un acte civique mais ne signifie bien évidemment pas un soutien politique. » Fin de citation.
Car pour l’instant, rien n’est encore joué pour certains des dix candidats qui pourraient pourtant prétendre à un score supérieur à 10% au premier tour. Yannick Jadot a franchi le 22 février la barre des 500 parrainages (565), Jean-Luc Mélenchon est toujours à la traîne, même s’il est prêt du but (442), quant à Marine Le Pen (393) et Eric Zemmour (350), ils sont encore loin du compte alors qu’ils caracolent entre 30 et 35 % des intentions de vote dans les sondages.
Infos pratiques
Les élus ont jusqu’au 4 mars 2022 pour parrainé l’un des candidats à l’élection présidentielle. Les candidats qui n’auront pas obtenu 500 signatures à cette date, ne pourront pas prétendre à concourir à l’élection.
Sur un vivier de 42000 élus
(maires, conseillers départementaux, conseillers régionaux, députés et sénateurs), seuls environ 12000 à ce jour ont parrainé un candidat. Laurent Rossini, fondateur de l’agence rochelaise de stratégie politique Plebiscit rappelle « en 2017, 14296 parrainages avait été donnés, répartis sur 61 candidats ».
La conseillère départementale de l’île de Ré Véronique Richez-Lerouge est la seule à ce jour, parmi les élus rétais, a avoir affiché un choix qu’elle assume pour Hélène Thouy, la cofondadrice et coprésidente du parti animaliste créé en 2016. Cette dernière n’a, pour l’instant que 83 parrainages et n’a, à priori aucune chance de concourir à l’Elysée. Et pourtant, selon Véronique Richez-Lerouge, les Français qui soutiennent la cause animale sont nombreux et cette non représentativité n’est pas significative du pourcentage de citoyens qui pourraient partager ses idées si elle avait une chance de les faire entendre. Selon l’élue, « le système des parrainages est désuet, inadapté. Il montre une scission entre l’opinion publique et les élites politiques assujettis au mécanisme des grands partis. Anne Hidalgo atteint à peine les 3% des intentions de vote et a pourtant obtenu 1177 parrainages ». Et d’enfoncer le clou : « depuis 2016 et la loi qui demande que les parrainages soient rendus publics, de nombreux élus ne veulent pas assumer de parrainer des candidats d’extrême droite ou d’extrême gauche». A l’île de Ré, d’aucuns ont gardé en mémoire un maire RPR à l’époque, qui avait apporté son parrainage au Front National de Jean-Marie Le Pen, l’information, bien que confidentielle avait fuité et l’édile avait longtemps traîné ce parrainage comme un boulet.
Sur le site web de l’agence Plebiscit, l’affaire des parrainages est suivi avec assiduité, grâce à des outils numériques et à des informations remises à jour régulièrement et notamment une carte de France réactualisée tous les jours. Grâce la carte interactive de Plebiscit, il est possible de savoir quels sont les élus de son département qui ont parrainé un candidat et quel candidat (voir les illustrations). Ainsi y apprend-on que la députée de la 4e circonscription Frédérique Tuffnell a parrainé Emmanuel Macron, que le conseiller départemental de La Rochelle Jean-Marc Soubeste (EELV) parraine Yannick Jadot… Et parmi les maires charentais-maritimes, il en est de petites communes rurales qui parrainent Eric Zemmour.
Mais finalement le problème n’est plus de savoir quel élu parraine quel candidat mais plutôt quel élu a le courage de parrainer un candidat, même s’il ne le soutient pas politiquement et même s’il est d’extrême droite ou d’extrême gauche. A noter que plusieurs candidats d’extrême gauche, plus à gauche que Jean-Luc Mélenchon (FI), ont obtenu leurs parrainages, c’est le cas de Fabien Rousel (PCF) et de Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) et que Nicolas Dupont-Aignan, fondateur du parti souverainiste Debout La France a presque lui aussi ses 500 parrainages devant Marine Le Pen. Jean Lassalle quant à lui, fondateur du mouvement Résistons ! a bien ses 500 parrainages alors qu’il n’atteint que 1% des intentions de vote.
La démocratie aurait-elle du plomb dans l’aile ?
Virginie Valadas
Illustrations agence Plebiscit