Elections législatives
Les Rétais a interviewé les deux candidats
qui se qualifient pour le second tour dans cette élection législative sur la première circonscription de Charente-Maritime : le député sortant Olivier Falorni (centre-gauche) et son challenger, Jean-Marc Soubeste (la Nupes).
Avant le second tour : quel est votre état d’esprit ?
Olivier Falorni : J’aborde ce second tour avec sérénité et détermination. Je suis touché d’être en tête à l’issue de ce premier tour et particulièrement dans les dix communes de l’île de Ré. Je remercie tous les électeurs qui m’ont fait confiance dès ce premier tour. J’en suis d’autant plus heureux qu’il y a très peu de candidat indépendant qui se sont qualifiés pour le second tour. Le contexte général n’est pas simple, nous observons bien qu’il y a une prime à l’étiquette. Une fois de plus, la première circonscription de Charente-Maritime se distingue des autres. Néanmoins, je reste déterminé, car ce n’est pas gagné. Il faut maintenant transformer l’essai en mobilisant les électeurs.
Jean-Marc Soubeste : Nous abordons ce second tour avec une détermination très forte, aussi bien au niveau local qu’au niveau national. Notre force incontestable, c’est de rassembler tous les partis de gauche, tous les partis de la Nupes bien sûr. Mais aujourd’hui, des citoyens et d’autres forces politiques nous rallient, comme Marie Nédellec (candidate PS arrivée 4e au premier tour) et ses soutiens à La Rochelle, comme également le sénateur Mickaël Vallet (PS), même s’il est élu d’une autre circonscription et qu’il ne vote pas ici, sa voie porte. Si nous ajoutons les votes de ceux qui ont voté pour Anne Hidalgo (PS), pour Yannick Jadot (EELV), pour Fabien Roussel (PC), pour Jean-Luc Mélenchon (UP) et même pour Philippe Poutou (NPA) à la présidentielle, alors nous sommes gagnants, largement. Il faut aussi mobiliser les jeunes, ils sont particulièrement abstentionnistes et pourtant, ils sont une réserve de voix considérables pour la gauche unie que je représente.
Comment comptez-vous convaincre pour ce second tour ? Avec quels nouveaux arguments par rapport à votre adversaire ?
Olivier Falorni : Je souhaite rassembler au second tour dans une logique constructive : pour notre territoire, pour un pays apaisé, pour éviter une mauvaise solution. Je ne souhaite pas que Jean-Luc Mélenchon soit à Matignon. Je n’ai pas d’antagonisme avec Jean-Marc Soubeste, il est un élu et un adversaire que je respecte. Ce n’est pas l’idée d’une éventuelle cohabitation qui me dérange, c’est la personnalité de Jean-Luc Mélenchon. Je vous rappelle une de ses déclarations : « je suis le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas ». Par rapport à la Majorité présidentielle, je fais le choix de l’indépendance. Cela aurait été une solution de facilité que d’obtenir l’investiture d’Ensemble, mais je souhaite rester libre. Je considère que la fonction de député ne doit pas être ligotée à l’avance. Je refuse à m’engager à voter pour les textes du gouvernement à l’avance. Je souhaite me positionner en fonction du contenu d’un texte et non en fonction de son auteur, comme je l’ai déjà fait lors de mes précédents mandats. Le mandat parlementaire n’est pas un mandat impératif. Cette tutelle ne correspond pas à la lettre de la Constitution. L’esprit en est dévoyé. C’est une question de fond : quel doit-être le rôle du parlement demain ? Je souhaite proposer une révision du mode de fonctionnement de l’Assemblée nationale dans l’organisation du travail parlementaire avec une répartition de quinze jours de présence sur notre circonscription et quinze jours à l’Assemblée nationale. Le fonctionnement actuel n’est pas satisfaisant, on ne peut pas être à l’Assemblée à voter des lois à un rythme effréné et présent sur notre territoire seulement le week-end.
Jean-Marc Soubeste : Mon adversaire n’est pas facile à « dégripper ». Il est très fort dans la relation individuelle avec les gens. Il porte plusieurs habits. Il passe pour quelqu’un de centre droit avec un Dominique Bussereau (ancien ministre et ancien président du Conseil départemental de Charente-Maritime qui apporte son soutien à Olivier Falorni pour le second tour de ce scrutin), puis pour un Macronniste auprès des Macronnistes et il est aussi un homme de centre-gauche en revendiquant l’héritage de Michel Crépeau. C’est un caméléon qui joue sur plusieurs registres. Quelles vont être ses positions à l’Assemblée nationale, on ne le sait pas. Que va-t-il voter ? Les positions d’Olivier Falorni sont floues et il entretient volontairement ce flou. Notre force à nous, c’est d’être transparent, c’est la clarté. Les positions de la Nupes sont on ne peut plus limpides : augmentation du smic à 1500 euros, ce que mon adversaire a déclaré ne pas souhaiter, retraite à 60 ans, allocations pour tous les jeunes, bifurcation écologique etc ; En votant pour nous, pour moi, les électeurs savent à quoi d’attendre. Par ailleurs, Olivier Falorni ne pourra être un député efficace s’il n’appartient pas à un groupe parlementaire. Et sur la fin de vie et le projet de loi pour mourir dans la dignité, l’un des arguments qu’Olivier Falorni met en avant, nous sommes évidemment d’accord, c’est aussi dans le programme de la Nupes, mais cela ne suffit pas à faire un programme.
Infos pratiques
Le second tour de l’élection législative sur la 1ere circonscription de Charente-Maritime, circonscription de La Rochelle-Ré va opposer Olivier Falorni député sortant (centre gauche) et Jean-Marc Soubeste (la Nupes).
Ce second tour a lieu le dimanche 19 juin 2022.
Ouverture des bureaux de vote à 9h, fermeture à 18h.
Sur l’écologie et la justice sociale
qui semblent être au cœur des préoccupations des Français, quelles sont vos propositions ?
Olivier Falorni : Je n’ai pas de leçon à recevoir d’Europe Ecologie Les Verts, je ne me sens pas moins écologiste qu’un autre élu EELV. Et sur les reproches qui me sont faits de ne pas avoir été présent pour voter des textes importants, je m’inscris en faux. J’ai fait le job. J’ai été présent à tous les scrutins solennels (vote des grands textes au boîtier et à une date fixée comme la loi sur le séparatisme, le projet de loi de finance de la sécurité sociale). Sur les thèmes de l’écologie, mes choix sont clairs. Il faut bien sûr interdire le glyphosate, les pesticides, les fongicides, c’est un impératif de santé publique. Il faut concilier justice sociale, développement économique et progrès environnemental. Pour cela, il est fondamental d’accélérer la rénovation thermique des bâtiments, cela permettra d’actionner plusieurs leviers et de progresser sur la formation et la création d’emplois en créant des filières dédiées, cela permet de lutter en faveur du pouvoir d’achat des Français et cela permet de réduire l’utilisation des énergies fossiles donc de réduire le réchauffement climatique. Ce sera un enjeu essentiel du prochain mandat.
Jean-Marc Soubeste : le programme de la Nupes en la matière est très clair et riche de propositions. il est impératif et même urgent d’intensifier la lutte contre le réchauffement climatique, il faut changer d’agriculture : passer d’une agriculture intensive à une agro-écologie, planter du chanvre par exemple, car on ne pourra pas avoir du maraîchage partout, mieux gérer les ressources en eau, un bien commun qui devient si rare, il suffit de constater la sécheresse actuelle… Pour cela, il faut petit à petit et partiellement remplacer les cultures de blé, de tournesol si consommatrices d’eau, par d’autres céréales. Ce ne sont que des exemples sur le volet agricole, mais il faut aussi repenser l’isolation thermique des bâtiments, pour cela il faut créer des filières dans les CFA (les centres d’apprentissage ndlr). Il faut protéger le vivant et consolider les filières d’approvisionnement avec des produits biosourcés. Il faut évidemment revoir nos mobilités et accélérer le développement des énergies renouvelables. Sur notre territoire, il s’agit de changer la réglementation pour l’utilisation de l’énergie solaire sur les bâtiments, d’autant plus que des progrès technologiques ont été réalisés avec l’utilisation de tuiles de toiture qui sont compatibles avec certaines règles d’architecture. Dans un autre domaine, celui de l’attractivité touristique de notre territoire, il conviendra de revoir certains modèles touristiques très impactants : l’accueil des compagnies d’aviation low-costs, les gros paquebots de croisières. Il y a matière à développer un autre tourisme que ce tourisme de masse, même si cela représente une manne d’argent pour les collectivités territoriales. Elles doivent être prescriptrices et exiger d’accueillir sous condition. Cela demande du courage de sortir de ces modèles touristiques.
Quelle est votre position sur le projet de parc éolien marin au large d’Oléron qui a suscité un rejet majoritaire dans la population ?
Olivier Falorni : J’y suis défavorable, car nous n’avons pas eu d’étude d’impact préalable. Il faut faire la part des choses entre le progrès et la régression, la frontière est parfois ténue. Il ne faut pas faire de l’écologie au détriment de l’environnement.
Jean-Marc Soubeste : Il faut construire un parc éolien off-shore en Charente-Maritime mais impérativement hors zone Natura 2000. Nous sommes en retard en la matière alors que nous avons une des plus grandes façades littorales d’Europe.
Virginie Valadas
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