Rencontre
Ironie du calendrier, à l’instant T
où nous nous apprétions à diffuser ce reportage sur Mathieu Latour, le jeune photographe animalier de 25 ans originaire du Bois-Plage annonçait sur sa page Facebook une très bonne nouvelle qui va lui permettre de concrétiser son projet principal « Regards d’extinction ». Puisque le groupe de conseils et de stratégies financières ABC Arbitrage a sélectionné le projet Regards d’extinction de Mathieu pour en être le mécène.
Regards d’extinction, c’est un projet photographique très ambitieux que Mathieu évoque dans ce reportage. Il a animé une conférence lors du festival Photos de l’île de Ré et a partagé avec l’auditoire quelques récits de voyages au Chili et au Costa Rica, où il s’est rendu pour photographier des spécimens d’animaux tout à fait rares présents dans la forêt tropicale sur un lac. Il évoque ici quelques secrets de fabrication de ses clichés incroyables. Mais il explique également que nul n’est besoin d’aller au bout du monde pour photographier des animaux rares, protégés et en voie d’extinction.
C’est qu’à 25 ans, Mathieu Latour est décidément un jeune homme très singulier : avec son look d’aventurier, toujours chapeauté comme Indiana Jones, il est un passionné de la première heure de la biodiversité. Et il souhaite plus que tout mettre sa passion pour la faune et la flore notamment au service des animaux en danger de disparition.
Pour Regards d’extinction, il a déjà réalisé 40 clichés, mais il ambitionne d’en faire plus d’une centaine. Pour atteindre cet objectif, il a recensé des espèces animales en voie de disparition partout dans le monde. Avec son mécène, il va pouvoir tout mettre en branle en 2023 dans l’objectif de préparer une exposition itinérante et un livre.
Voici le message de Mathieu au sujet de Regards d’extinction : « En tant que défenseur de la nature, j’estime que c’est un véritable devoir qu’ont les photographes naturalistes de mettre en pratique leur savoir-faire afin de contribuer à un avenir meilleur pour les espèces animales, pour la planète et donc pour l’humanité. A l’heure actuelle où on nous annonce que plus d’1 millions d’espèces sont menacées en 2019, l’heure n’est plus aux grands discours sans fin mais à des actions concrètes et marquantes. Je me suis longuement interrogé sur la meilleure façon de sauvegarder la faune sauvage tout en exerçant mon amour pour la photographie. Développant l’idée d’une photographie au service de la cause animale, j’ai choisi de réaliser une série photographique entièrement consacrée aux espèces en voie de disparition. J’ai pris le pari fou d’y inclure tous les groupes d’animaux. L’objectif étant de représenter toute la diversité du vivant et de faire prendre conscience aux gens de la gravité de la menace qui s’applique à TOUTES les espèces. L’esthétique de mes photographies est la suivante : un portrait en face à face avec les espèces concernées, un format carré et un cadrage axé sur le visage. De cette manière trois objectifs ressortiront : -traduire des expressions faciales rapprochant l’homme et l’animal -présenter des portraits en couleurs et contrastés mettant en valeur la beauté naturelle des sujets sans les dénaturer. L’animal reste roi dans toute l’image qui se suffit à elle-même. Cela permet également de se rendre compte que l’humanité est en train de détruire cette splendeur animale, au profit de notre consommation abusive -et le plus IMPORTANT, arriver à capter l’émotion du public. En effet, le spectateur se retrouve en face du portrait comme s’il se retrouvait en face d’une personne à qui il parlait, ce qui renforce cette idée de voir disparaître non pas de simples animaux mais des créatures douées de sensibilité et d’émotions COMME NOUS. Ainsi, être confronté face à face avec ces animaux permet au public de s’interroger sur notre participation à la 6ème extinction de MASSE tout en sensibilisant le public aux enjeux de sauvegarde. Les ¾ des images ont été réalisées en parcs zoologiques français. Ceci étant la finalité de 3 longues années d’études en photographie à l’école de Condé située dans le 15ème arrondissement de Paris. L’occasion de magnifier le monde animal en image et ceux avec une thématique d’actualité qui ne laisse pas indifférente ; qui reste gravée dans les mémoires. »
Virginie Valadas