Olivier Falorni
Olivier Falorni, député de la circonscription
de La Rochelle/’île de Ré a fait de son combat pour une fin de vie digne, c’est-à-dire pour une « aide active à mourir », LE combat de son troisième mandat. Devenu un proche et même un ami de la comédienne, chanteuse et ancienne star de music-hall Line Renaud, militante de cette cause de longue date, il a récemment obtenu l’assurance de la part du président de la République Emmanuel Macron que le débat sur cette question éthique majeure serait inscrit au calendrier des parlementaires en 2023. Il nous raconte les récents événements de cet été et de ce début septembre qui amènent à cette promesse de projet de loi du gouvernement. Quand les planètes s’alignent et que l’union fait la force !
Les Rétais : Quel récent concours de circonstances a fait que vous ayez l’occasion de vous entretenir sur le sujet du « droit à mourir dans la dignité » avec Emmanuel Macron et que le président de la République prenne un engagement public pour un prochain débat parlementaire sur le sujet ?
Olivier Falorni : Nous n’allons pas revenir sur l’antériorité de mon combat à ce sujet, sur l’épisode de l’obstruction parlementaire qui n’a pas permis que mon texte de proposition de loi soit débattu à l’assemblée nationale, puisque cinq députés LR opposés avaient déposé 2500 amendements afin que je ne puisse pas présenter le texte dans le temps imparti en avril dernier… Auparavant, j’avais eu l’honneur et la joie d’accueillir Line Renaud à l’Assemblée nationale pour évoquer ce sujet devant les députés qui sont d’ailleurs majoritairement favorables à cette loi. Line Renaud milite depuis des années au sein de l’association pour le Droit à mourir dans la dignité dont elle est la marraine – l’artiste s’est engagée dans ce combat en 1995 à la mort de son époux Loulou Gasté des suites d’un cancer et suite au décès de sa mère également, ndlr – Depuis lors, nous sommes devenus très proches, des amis. Line Renaud a été élevée au rang de Grand-croix de la Légion d’honneur par le président de la République Emmanuel Macron lors d’une cérémonie à l’Elysée ce vendredi 2 septembre 2022, elle m’a fait l’honneur de m’y inviter.
Emmanuel Macron, lors de son discours, a évoqué sa carrière d’artiste bien sûr, mais il a surtout mis en avant la femme d’engagement, la militante du Sidaction. Puis il a évoqué son actuel combat pour une aide active à mourir. Il s’est engagé devant témoins (tous les nombreux invités à la cérémonie dont Muriel Robin, Claude Chirac, Dany Boon…) et de manière solennelle en exprimant « cette loi, nous la ferons ».
J’ai pu avoir un court échange en tête à tête avec le président de la République au cours de cette cérémonie, il m’a fait la promesse que la loi sera débattue en 2023.
La grande loi éthique du deuxième quinquennat Macron
Les Rétais : Qu’est ce qui vous fait penser que maintenant les politiques, les parlementaires mais surtout les Français sont prêts à discuter de ce sujet sensible ? Pensez-vous que les mentalités ont évolué ?
Olivier Falorni : Déjà pendant la campagne des présidentielles, Emmanuel Macron s’était prononcé sur le sujet en disant qu’il fallait évoluer et s’inspirer du modèle belge.
Avec Line Renaud, nous avons cosigné une tribune dans le JDD du 21 août. Line Renaud y évoquait l’hypocrisie de la France, les failles et insuffisances du droit français en la matière. Elle y regrettait que les malades n’aient pas d’autres choix que »l’exil dans les pays frontaliers pour y mourir et la pratique d’euthanasies clandestines dans notre pays ».
Cette lettre ouverte a eu un écho considérable. Nous avons reçu tous les deux un nombre de courriers et de messages très important en faveur de cette loi.
Puis Elisabeth Borne dans une interview accordée au Parisien le 28 août a répondu en disant que la loi française ne répondait plus aux besoins actuels et qu’il fallait qu’elle change. La Première ministre explique qu’Emmanuel Macron et elle, souhaitent mettre en place une concertation citoyenne à ce sujet.
Olivier Falorni a également reçu un récent soutien politique supplémentaire le 5 septembre, en la personne de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet qui réagissait favorablement à un débat parlementaire sur le sujet suite à la chronique de Maïa Mazaurette dans l’émission Quotidien de Yann Barthès.
L’aide active à mourir, il va en être plus que jamais question en 2023. Ce sera la grande loi éthique du deuxième quinquennat Macron, même si Olivier Falorni le dit « tout reste à faire ».
Virginie Valadas