Francofolies 2022
Si les jours se suivent mais ne se ressemblent pas
aux Francofolies de La Rochelle, difficile d’en dire autant des matins brumeux de ces cinq derniers jours. Mais puisque l’équipe en béton de ce festival n’est pas du genre à se laisser aller, hors de question de ne pas en faire de même. Le repos attendra donc. Qu’à cela ne tienne, je file chez Marlette, une marque rétaise de préparations bio pour gâteaux qui a vu son activité exploser ces dernières années en ouvrant des Coffee Shop un peu partout dans Paris. Et qui s’est installée dans l’espace pro du festival. Leur boisson détox a sauvé la plupart de mes matinées cette semaine, je le confesse. Fort heureusement d’ailleurs, ça aurait quand même été dommage de louper cette quatrième journée. Allez, je vous raconte !
Des concerts, des concerts, toujours plus de concerts
Hier était la première journée où je n’enchaînais pas les interviews. J’ai donc pu profiter pleinement de toutes les scènes des Francos. À commencer par celles de la Coursive où je suis allée applaudir Ours au Grand Théâtre de la Coursive à 14h30 pour démarrer la journée du bon pied. Horaire compliquée me direz-vous, mais pas de quoi effrayer ce showman à l’humour grinçant et à l’univers coloré qui a su emporter le public en deux temps trois mouvements.
J’ai ensuite changé de salle pour regagner le théâtre Verdière, toujours à La Coursive, pour les concerts de Kalika et de Terrenoire. Si j’avais déjà eu l’occasion de voir Kalika enflammer une scène, je n’avais encore jamais eu la chance (et je pèse mes mots) de voir les deux frères stéphanois de Terrenoire fouler les planches. Et j’ai pris une claque monumentale. Ces deux-là débordent d’une énergie particulière, l’une de celles qui vous enveloppent de douceur et de gravité en même temps. Leur direction artistique est impeccable, leur cohésion n’en parlons pas, et je n’avais pas été émue de la sorte depuis un bon bout de temps. Il faut dire que personne ne peut rester de marbre face à leur titre « Derrière le soleil », une chanson dédiée à leur père disparu, qui répare et apaise les coeurs abîmés. Mon dieu, qu’elles font du bien ces claques-là !
La journée s’est ensuite poursuivie de la meilleure des manières : j’ai été soutenir ma copine Janie sur la scène gratuite du village Franc’Océan, située à côté de l’office de tourisme de La Rochelle. Elle a joué à 17h, en plein soleil donc, mais cela ne lui a pas empêchée d’emporter la foule dans son univers de poésie et de douceur. L’émotion était bien sûr au rendez-vous, la bonne humeur aussi, surtout quand est arrivée l’heure de danser sur son dernier titre en date « La Macarena ». Une sorte d’hymne à tous les bals et autres soirées guinguette auxquels elle a participé enfant avec ses parents. Et au moment où elle a entonné la dernière chanson de son set, « Petite blonde », je me suis souvenue d’une conversation dans le public de cette même scène l’année dernière : « Peut-être que l’année prochaine ce sera moi »… Pari réussi pour cette nouvelle icône de la chanson française, et pleurs garantis pour la copine que je suis.
Roméo Elvis et Orelsan électrisent la scène Jean-Louis Foulquier
Côté grande scène aussi le programme était chargé hier soir. Et c’est Sopico et ses nombreux talents qui ont ouvert le bal. Car si le jeune homme est assimilé à la scène rap, il n’en reste pas moins un grand fan de rock et un excellent musicien. Musicien bien décidé à mettre tout le monde d’accord. Voilà qui n’est pas tombé dans l’oreille de sourds : le public le lui a magnifiquement bien rendu.
Une énergie magnétique qui a aussi profité à Lujipeka, qui n’a d’ailleurs pas démérité, surtout quand il a entonné son tube phare du moment « Pas à ma place ». Et qu’il s’est laissé aller à un petit tour de bateau pneumatique dans la fosse de Saint Jean d’Acre.
La programmation de cette quatrième journée était décidément très bonne, plus besoin de le prouver. Surtout quand on sait que la soirée a continué avec le concert endiablé, que dis-je fou, du rappeur Roméo Elvis. Car si sa petite sœur, Angèle, est venue faire le show le 14 juillet dernier, lui avait décidé de tout retourner. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a réussi. Haut la main même ! Car avant d’être un bon rappeur, et un bon guitariste aussi au passage, c’est surtout une bête de scène comme on en voit rarement. Il fait partie de ceux qui se transforment une fois sur scène. Pour notre plus grand bonheur ! « Soleil », « Rappeur préféré », « Chocolat »… Le Belge a enchaîné les tubes, faisant chanter, hurler, danser et pogoter le public rochelais quasi systématiquement. Allez hop deuxième claque.
Suivie d’une troisième monumentale offerte par Orelsan. Parce que qui d’autre en vérité ? Pourtant ce n’est pas faute de l’avoir déjà vu plusieurs fois sur scène, notamment lors de ses derniers Bercy dont je me souviendrais encore longtemps. Mais il y a quelque chose de symbolique dans le fait de voir l’un de ses artistes préférés performer sur scène chez soi dans le cadre de son travail. Une émotion décuplée lorsqu’arrive « La terre est ronde », reprise en chœur par tout le public. Et puis que dire de « Notes pour trop tard », de « Basique », de « C’est du propre » ou encore de « La Pluie » et de la désormais mythique « Défaite de famille ». Cet homme n’a décidément que des tubes immenses à son actif. Et un public de convaincus qui connaît les paroles sur le bout des doigts. Mon récapitulatif de la soirée s’arrêtera là pour aujourd’hui Les Rétais, parce qu’en dehors des concerts, ce qui se passe aux Francos, restent aux Francos… (Tiens, si j’allais me reprendre une petite boisson détox chez Marlette moi ?)
Textes et photos Tess Annest