Francofolies 2022
Il est 9h ce matin quand sonne mon troisième réveil
des Francofolies édition 2022. La fatigue commence à se faire ressentir (j’ai dormi cinq heures pour la troisième fois soyez indulgents), et plus les jours avancent, plus mes cernes se creusent. Pas de doute : la saison des festivals bat bel et bien son plein. Et après deux années de pandémie de Covid, c’est une information qui, bien qu’elle ne plaise pas trop à mon corps, fait beaucoup de bien à mon cœur d’aficionado de musique.
Avant d’enchaîner les interviews, et d’aller profiter de la soirée urbaine organisée par le festival ce soir (coucou Booba, SCH et cie), j’avais très envie de vous parler de la soirée d’hier soir, le jeudi 14 juillet 2022. Parce que la fête nationale aux Francos de La Rochelle, c’est toujours la plus jolie des bamboches !
Quand la musique sonne au féminin
Voilà une constatation qui fait beaucoup de bien. D’ailleurs, « More women on stage » est l’un des crédos de la nouvelle scène française. Un cri du cœur qu’il était grand temps de faire sortir, un coup de poing aussi puisqu’on parle bien ici de représentation. Et les Francofolies semblent avoir compris le message : il faut absolument programmer plus de femmes musiciennes dans les festivals (et dans les salles de concerts mais c’est un autre sujet…).
Les équipes du festival nous l’ont donc prouvé ce jeudi 14 juillet en programmant sur la scène principale, la Scène Jean-Louis Foulquier, quatre jeunes femmes extrêmement représentatives de la musique francophone actuelle : Poupie, Hoshi, Juliette Armanet et Angèle. Avec elles, on a bien évidemment fait la fête, on a aussi pleuré à plusieurs reprises et on a pris une bonne dose d’engagement. C’est donc Poupie qui a ouvert le bal. Couronne en plastique sur la tête et pistolet à eau sous le bras, la jeune Française de 24 ans est montée sur scène armée de toute sa fraîcheur, et de toute son extravagance également. Figure incontournable de la scène actuelle, elle a entonné ses chansons les plus connues, de « Dollars » à son fameux featuring avec Jul, « Feu ». Le public était bien sûr au rendez-vous, mais je dois bien l’avouer, c’est lorsque Hoshi est montée sur scène que les choses sérieuses ont commencé. Depuis mon crash barrière (l’endroit situé entre les barrières de sécurité et la scène où les journalistes et photographes s’amassent pour faire quelques images en début de concert), j’ai eu l’honneur d’assister à un grand moment de complicité entre la chanteuse et son public venu en masse lui prouver son amour. Ils ont chanté à tue-tête et ils ont pleuré (moi aussi- et c’est un euphémisme). La magie d’un bon show après tout. Il faut dire qu’elle nous a gâté en offrant à Saint Jean-d’Acre un réel spectacle, et en enchaînant ses tubes de « Enfants du danger » à « J’te pardonne » en passant par l’incontournable « Ta marinière ». Je vais d’ailleurs vous faire une confidence : c’est Hoshi, et son super tee-shirt rayé Pikachu, qui ont fait chavirer mon coeur hier soir (et hop une petite référence à son tube de 2018- vous l’avez les fans ?). Parce qu’elle a su me faire danser et me retourner l’estomac par la même occasion. Une artiste à part entière.
Tiens, en parlant d’artiste, je crois qu’il est grand temps de redonner à Juliette Armanet la place qu’elle mérite : celle de reine de la chanson française. Parce qu’on ne va pas se mentir : elle a tout d’une grande. Un crew de musiciens tous plus excellents les uns que les autres, une énergie folle, une envie débordante d’échanger avec le public, et un sens de l’humour qui n’a laissé personne de marbre. Pendant tout son set, l’artiste a jeté son dévolu sur un jeune homme dans la fosse, Antoine, qui semblait être très fan de son travail. Comme cela ne lui avait pas échappé, elle l’a fait participer de A à Z, et elle lui a même dédié une chanson. S’il était un brin timide au début, il est très vite rentré dans son jeu. Pour notre plus grand bonheur. Et pour celui d’Antoine on ne va pas se mentir. L’interprète du « Dernier jour du disco » a littéralement « brûlé le feu », le public des Francos, et le peu d’énergie qu’il lui restait. Mais c’était sans compter sur l’arrivée flamboyante de la Queen de la pop, nous avons nommé Angèle. Habituée de la première tournée de la Belge la plus Française du game, je n’avais encore jamais eu l’occasion d’admirer un show de sa deuxième série de concerts, le Nonante-Cinq Tour. Je suis donc ravie qu’elle ait posé ses valises à La Rochelle le temps d’une soirée. Ce show à l’américaine est magistralement orchestré. Tout est parfaitement pensé, millimétré même, tout le monde est à sa place au parfait moment. En somme, rien ne dépasse jamais, sauf quand vient le moment de lâcher ses nerfs sur ses nombreux hymnes féministes, « Balance ton quoi » en premier bien évidemment. Vous l’aurez donc compris, engagement et communion étaient les maîtres mots de cette deuxième soirée sur la scène Jean-Louis Foulquier.
Mention spéciale et coup de coeur confirmé pour Les Louanges
Mais rassurez-vous, la scène gratuite Rochelle Océan n’était pas en reste non plus. Bien au contraire. C’était en même temps bien difficile tant la programmation était d’une extrême qualité.
Au programme : Ladaniva, une artiste du Chantier des Francos 2022, Ichon qui a clôturé cette soirée, et mon chouchou du moment, le Québécois Les Louanges. De son vrai nom Vincent Roberge, cet artiste multi-casquettes est absolument inclassable. Et c’est d’ailleurs pour ça qu’il a toutes mes faveurs.
Si je devais vous décrire son projet, je vous dirais simplement qu’il flirte constamment avec le r’n’b, se joue des codes du jazz via son groupe de musiciens talentueux, tout en conversant coûte que coûte des sonorités de pop alternative qui rendent son projet accessible et résolument moderne.
Excellent musicien, il n’en reste pas moins un très bon parolier bien qu’il l’avoue volontiers : le texte est la partie du travail qui lui demande le plus de concentration car il lui est moins instinctif. Voix suave, inspirations diverses et variées, il alterne constamment entre rap et chanson française, et c’est cette exacte recette qui lui a permis de gagner mon coeur. Je ne dirais qu’une chose : bien joué Les Louanges. Et si vous vous demandez ce qu’il en a été du feu d’artifice… Demandez à quelqu’un d’autre… Je ne l’ai pas vu. Disons qu’on ne peut pas tout faire…
Et surtout pas dormir pendant les festivals.
À demain les Rétais, je pars découvrir Ziak, Vald, SCH et Booba sur scène, et je ne suis pas du tout une initiée. Ça promet !
Textes et photos Tess Annest de What’up Thérèse