Projet de parc éolien en mer
S’il n’y a que trois choses à retenir
à l’issue du débat public sur le projet d’éoliennes en mer au large d’Oléron, c’est qu’il n’y a pas eu de compromis établi autour d’une zone préférentielle d’implantation, que si le projet est poursuivi, l’Etat devra prendre un engagement ferme vis-à-vis des pêcheurs professionnels en les associant à la rédaction d’un cahier des charges et en leur assurant qu’ils pourront continuer à pêcher dans la zone des éoliennes, qu’il faudra instaurer un comité de gouvernance du projet pour préciser d’une part les critères environnementaux et d’autre part les retombées économiques pour le territoire. C’est en ces termes que Chantal Jouanno, la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) dressait le bilan de ce débat.
Le message principal reste que la zone préférentielle ne convient à personne, y compris à ceux qui ont participé aux scénarios qui envisagent l’existence d’un parc, parce qu’en zone Natura 2000, dans le Parc Naturel Marin et à proximité voir au milieu des couloirs migratoires des oiseaux. L’éloignement du parc est donc le préalable à toute acceptation de celui-ci. Mais évidemment, plus le parc serait éloigné des côtes, plus il serait coûteux.
Dans le long processus mis en place pour évaluer la faisabilité et l’acceptation d’un parc d’éoliennes off-shore au large de la Nouvelle-Aquitaine, le prochain rendez-vous est maintenant fixé au 28 juillet prochain, où le maître d’ouvrage, c’est-à-dire l’Etat rendra sa décision finale. Il doit auparavant prendre connaissance du compte-rendu, des recommandations et du bilan de la Commission nationale du débat public (CNDP). Ces trois éléments ont été rendus publics le 29 avril dernier. Pour autant, la CNDP proposait le 11 mai dernier un dernier échange avec les publics sous forme de webinaire suivi par une quarantaine de personnes, en présence de la présidente de la CNDP Chantal Jouanno qui dressait oralement le bilan de ce débat public. Un débat public exceptionnel à plus d’un titre. D’abord parce qu’il a changé en cours de route puisque le premier zonage présenté de 300 km2 a été élargi en janvier à une zone de plus de 700 km2, que le débat public s’en aie trouvé rallongé d’un mois et qu’il aura donc duré cinq mois au lieu de quatre et enfin, parce qu’il a très fortement mobilisé les citoyens, plus que tout autre débat public. 5908 personnes ont participé aux rencontres du débat en présentiel et en lignes et 11800 au Festival Energies et Océan sur place et en direct.
Infos pratiques
Débat public : www.debatpublic.fr
- Pour consulter le compte rendu de la CNDP :
- https://www.debatpublic.fr/sites/default/files/2022-04/ENA-Compte-Rendu.pdf
- Pour consulter les recommandations de la commision
- https://www.debatpublic.fr/sites/default/files/2022-04/ENA-Rapport-aux-maitres-d-ouvrage.pdf
- Pour consulter le bilan du débat par Chantal Jouanno
- https://www.debatpublic.fr/sites/default/files/2022-04/ENA-Bilan-CNDP.pdf
Certains détracteurs du projet
ont commenté lors de cette ultime réunion que cette participation même massive, n’était en rien représentative de la population concernée par le parc éolien marin. Chantal Jouanno avait pourtant précisé au préalable que la CNDP n’émettait pas d’avis, elle retranscrivait ce qui avait été formulé par les publics, qu’elle ne qualifiait pas les propos des publics. « Le rôle de la CNDP n’est pas de faire un sondage d’opinion a-t-elle ajouté, ce serait simple de faire du chiffre, nous ne sommes pas là pour cela. »
Complexe et technique, le sujet exige d’être documenté au-delà d’un simple référendum « pour ou contre ». D’autant plus que durant le débat public, des événements nationaux comme la publication des scénarios énergétiques de l’Etat à échéance de 2050 ont été rendus publics et même des événements internationaux sont survenus comme la guerre en Ukraine. Ils ont apporté de nouveaux éclairages sur le débat. Cela a créé le pont avec le projet local dans une temporalité à court terme : 2030, alors que les scénarios de mix énergétique qui ont été présentés par l’Etat sont dans une temporalité à long terme : 2050.
Pour Chantal Jouanno, la CNDP doit continuer et amplifier son travail, quand le débat public n’a pas permis de lever certains doutes et notamment l’idée pour une partie des publics que « tout est joué d’avance, que l’Etat cache des éléments et que personne ne connaît le coup d’après ».
Dans les recommandations formulées, la CNDP préconise enfin une «planification de la mer et de ses usages». Réponse le 28 juillet prochain.
Virginie Valadas
Les illustrations de cet article sont des captures d’écran du webinaire du 11 mai dernier.