Ils étaient une quarantaine de patrons de pêche
au rendez-vous le jeudi 18 novembre, pour le départ de la campagne de pêche à la coquille Saint-Jacques. Dès 8h30, les coureauleurs, ces petits navires de mois de 12m prenaient la direction du pertuis Breton pour pêcher le précieux coquillage entre 10h30 et 12h30. Des pêcheurs venus des ports de pêche de La Côtinière à Oléron, de Chef de baie à La Rochelle et de Vendée.
Cette campagne de pêche démarrait avec quinze jours de retard en raison de la présence de la toxine ASP (Amnesic Shellfish Poison) détectée dans les prélèvements qui sont effectués chaque année avant l’établissement du calendrier de pêche. Jeudi 11 novembre, les prélèvements effectués avaient révélé que la toxine n’était plus présente dans les coquillages de manière significative et le Comité local des pêches à Bourcefranc-le-Chapus donnait le « GO » de cette campagne hivernale.
Las, jeudi 18 novembre, en rentrant au port de pêche de Chef de Baie, les pêcheurs apprenaient que les derniers prélèvements effectués la veille rendaient leur gain du jour impropre à la consommation, la fameuse toxine ASP était de nouveau présente en quantité. Les pêcheurs ont du remettre leur pêche à la mer.
La toxine ASP proviendrait d’algues et se concentrerait dans le corail des coquilles. Après Xynthia et en 2015, cette toxine ASP avait été détectée dans les pertuis charentais également. Elle a aussi été parfois présente sur les zones de pêche bretonnes ou normandes. Mais les criées bretonnes qui pêchent la coquille Saint-Jacques de manière plus importante qu’en Charente-Maritime et sur une période plus longue, sont équipées d’ateliers d’assainissement.
« Les résultats des analyses sanitaires effectuées sur les coquilles Saint-Jacques viennent d’être communiqués. Ils sont non conformes pour le pertuis Breton (et toujours non conformes pour le pertuis d’Antioche). En conséquence, la pêche de ce jour ne peut être vendue. »
comité des pêches de la Charente-Maritime
courrier envoyé aux pêcheurs professionnels jeudi 18 novembre
Kevin Guillaud est l’un d’eux.
Pour lui comme pour ses confrères, la perte est importante s’ils ne peuvent pas prélever la coquille. « la coquille Saint-Jacques représente 30 % de notre chiffre d’affaires annuel, c’est la seule pêche rentable que l’on peut faire en hiver quand les eaux sont refroidies« . Il ajoute qu’il attend depuis trois ans, une licence pour pouvoir pêcher la civelle, un autre produit à forte valeur ajoutée mais dont le prélèvement est lui aussi très réglementé et limité.
Quant aux pétoncles, dont la pêche est autorisée, en complément des coquilles Saint Jacques, pour beaucoup de patrons de pêche, il n’est pas assez rentable de sortir pour la pétoncle seulement. Comme la pêche à la coquille Saint-Jacques, celle des pétoncles est réglementée et doit respecter des zones de pêche et un calendrier précis. « Une fois payés le gazole, les matelots à bord, il ne nous reste pas grand chose » renchérit Kevin.
« Un arrêté de fermeture de la pêche des coquilles Saint-Jacques dans le pertuis Breton paraitra dans la journée » indique le comité des pêches de la Charente-Maritime dans un message adressé aux pêcheurs professionnels le jeudi 18 novembre.
Des nouveaux prélèvements seront effectués dès la semaine prochaine. Mais le comité local des pêches rappelle qu’il faut deux prélèvements conformes consécutifs pour pouvoir lever l’arrêté de fermeture.
Pas sur qu’il y ait des coquilles Saint-Jacques de Charente-Maritime sur les tables des fêtes de fin d’année. Restent les Normandes et les Bretonnes.